La voix de ma mère chantant « nous sommes deux sœurs jumelles » résonne avec horreur dans ma tête.
Une référence dans la comédie musicale et on comprend très vite pourquoi. Les costumes sont magnifiques, les acteurs légers et sincères, les décors entrainants et les musiques devenues des références. Un film coloré, enchanté et envoutant, c’est là sa plus grande qualité, mais aussi, selon moi, son principal défaut.
Alors que sur la photographie en tant que telle il y a peu à dire, on semble oublier que là n’est pas tout ce qui fait un film, un tableau aux belles couleurs n’est rien sans un minimum de profondeur. La valeur ajoutée de la musique et de la danse est indéniable dans certaines scènes, pour Maxence qui cherche son idéal féminin, pour Etienne et Bill qui voyagent de ville en ville ou encore pour Solange et Andy qui dansent sans s’arrêter, qui dansent parce qu’ils s’aiment.
Le problème est donc que ces scènes se perdent dans une exubérance inutile, que la danse ne nous atteint plus que par bribes au bout de deux heures. Le chant est beau mais le chant est trop, ça fait du bien quand ça s’arrête.
L’intrigue nous sous-estime, ne nous laisse pas de place pour la réflexion. La chanson empêche alors la profondeur et la complexité, la seule trouvée étant un nom de famille qui dérange ou un schéma qui se répète : quand l’un rentre dans une pièce, l’amour de sa vie en sort, au bout d’une fois on avait compris.
Finalement Les demoiselles de Rochefort est un beau film, visuellement, mais qui s’enferme dans sa forme, dans un style forcé, dans le mielleux de sa musique et de sa danse.