On y est. Confirmation assez logique de la tendance d'internet qui se lance maintenant aussi sur le grand écran. Après les cafouillages de Norman, les chaines youtubes étaient restées sur le net, en publiant après crowdfunding sur leur chaîne le fruit de leur production (les participants étaient récompensés par une qualité full HD et des goodies allant du mug au T shirt en passant par une édition DVD officielle). C'était bien, mais on se doutait d'un éventuel retour. C'était entre bagel (plutôt télé) et golden moustache (plutôt net) que cela se jouait...


Pour désamorcer le premier contre argument, non, je ne suis pas fermé à une possible ouverture du cinéma aux personnalités émergeant d'internet. Le foisonnement d'idées qu'ils produisent pour chercher de nouveaux gags ou des concepts marrants démontre les bonnes volontés initiales. Mais après avoir vu plusieurs sketchs de Bagel ou des Suricate, j'ai vite saturé. C'est encore plus stérile que Marvel. Marvel, malgré ses scénarios bateaux et ses personnages clichés, offre du cinéma et étale le pognon pour des effets impressionnants. Ici, non. Of course y a pas de pognon, donc on doit se créer un capital sympathie pour que ça passe. C'est un sketch étiré qui est rempli avec exactement les mêmes ingrédients que n'importe quelle autre production du studio :


Le culte initial du branleur à base de gags sur les branleurs (suricate aime bien toujours partir de cet état, qui va avec leur look)


un concept malin qui ne coûte rien (mais qu'on peut éventuellement thuner avec quelques effets numériques cheap)


pleins de podcasteurs qui viennent ajouter leur cachet pour faire monter les vues


pleins de gags absurdes


de nombreux clins d'oeil gay friendly


une légèreté constante (humour fréquent, drame ou moments sentimentaux désamorcés)


un happy end où les personnages sont devenus plus "matures"


Voilà. Il n'y a rien à ajouter. Ce film est l'exacte application de cette recette qui a prouvé depuis plusieurs années son efficacité sur internet. Je n'en suis simplement pas client, car je suis blasé et prétentieux, que c'est davantage du téléfilm que du cinéma (jamais ce film ne sera capable de créer une seule ambiance qui fonctionne, car son humour pollue tout, rien ne sort du cadre "esthétique télévisuelle"...) et que le ton général des gags, à quelques sourires près, me fait soupirer (haters, vous êtes cordialement invités à disliker cette chronique :). Je n'ai à priori rien contre leur gentille conception de l'humour innocent (qui me semble donc stérile et sans impact), les clichés monumentaux qu'ils recyclent à leur sauce absurde (la facilité avec un petit peu de subtilité), ou les cabotinages maniérés de leurs acteurs (on n'est pas non plus dans l'hystérie, mais ils ne font passer aucune émotion). C'est typiquement une production calibrée sur leur longueur d'onde, sans nouvelle qualité supplémentaire et à priori sans nouveaux défauts. Ils continuent de s'amuser avec un défi un peu plus gros (passer le cap du long métrage) et continuent à expérimenter des petits trucs (ce qui donne un travelling hideux mais dynamique pendant la séquence de "contamination") sans se prendre le choux. Leur véritable performance, c'est surtout de ne pas se répéter au niveau des gags, enchaînés à une vitesse digne d'un Y-a-t-il un pilote dans l'avion. Dans l'ensemble, c'est fade et peu marquant, sur l'instant, c'est pêchu. Mais toujours sans renouvellement du fond, car c'est la forme qui est sans cesse changée selon les projets.

Voracinéphile
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le 17 déc. 2015

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Voracinéphile

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