Quoi de mieux que la fin de la trilogie des Gardiens de la Galaxie pour retourner à la critique ? La cinquième phase de la saga chapeautée (miaou) par Kevin Feige a débuté il y a deux mois avec une légère déception. C’est un autre troisième opus qui a eu l’honneur de l’ouvrir et quoi qu’on en pense, il faut admettre que toutes les promesses n’ont pas été tenues. Intervient alors celui qui a basculé du côté obscur, James Gunn, pour convaincre à nouveau ceux qui ont abandonné le MCU à la suite du comique Thor Love and Thunder et du trop léger She-Hulk. Il faut, je pense, remonter à Infinity War pour retrouver un tel engouement critique. Les Gardiens de la Galaxie ont toujours réussi à être aimés par un bon nombre des détracteurs du MCU. Avec cette équipe, James Gunn avait instauré un nouveau souffle en 2014 et avait réussi à avoir assez de liberté pour aller plus loin dans ses délires en 2017. Il est indéniable que l’artiste avait sa propre patte, quelque peu restreinte évidemment il ne peut pas faire du R-Rated, le voir pouvoir clôturer sa trilogie avait donc de quoi enthousiasmer. Ce vol. 3 semble être ce dont le MCU avait besoin pour relancer la hype : personnages, humour, émotion, grand spectacle, tout est là pour reconquérir une partie du public jusqu’à The Marvels qui risque de faire redescendre l’euphorie générale. J’avoue avoir eu du mal à être pleinement satisfait mais dire au revoir aux Gardiens de la Galaxie fait quelque chose…


Attention spoilers


Six années se sont écoulées depuis le deuxième volume qui dévoilait aux spectateurs restés pendant le générique un cocon doré désigné par le nom d’Adam. Entité cosmique très importante de l’univers Marvel, Adam Warlock était attendu des fans. Entre 2017 et maintenant, j’ai eu le temps de me mettre activement aux comics et Le Gant de l’Infini (récit culte de 1991) laissait une place conséquente à ce personnage surpuissant et profond. J’avais alors hâte de le voir briller sur grand écran. Il est là le souci majeur du film : Adam Warlock ne rayonne jamais autant que l’or qui le constitue. Son entrée en scène était pourtant encourageante, il met à terre un à un tous les membres des Gardiens de la Galaxie, dévoilant alors l’étendue de sa puissance avec un certain style. Après avoir été présenté comme une vraie menace, il devient rapidement un élément comique qui se ridiculise à chaque séquence où il apparaît. Ses apparitions sont rares mais il essuie des échecs à chaque fois. Il est presque inutile, il est juste là pour lancer le film et sauver Quill. Son comportement enfantin est certes justifié mais il ne fait que le rendre d’autant plus ridicule. Ce qu’il y a à retenir de positif de ce personnage est son design ainsi que Will Poulter qui exécute bien ce qu’on lui demande et qui fait ce qu’il peut pour éviter le naufrage. En voyant comment le personnage se conclut, j’ai peine à croire qu’il aura le même traitement que lors de son duo avec Silver Surfer.


Le retour de Gamora laisse la sensation que James Gunn ne pouvait pas mettre un terme à sa trilogie alors qu’un membre de l’équipe est absent. La fille de Thanos avait écopé d’une mort parfaite dans Infinity War qui avait déjà été amoindrie par sa « résurrection » dans Endgame. Il aurait peut-être fallu s’arrêter ici. Elle a quand même un intérêt contrairement à Warlock. La redite a été évitée, Quill comprend relativement vite que la relation amoureuse ne pourra pas se reproduire. Le « What if Gamora avait été recueillie par les Ravageurs » est alors adopté et il est tout de même appréciable de découvrir une nouvelle version du personnage avec moins de cœur. On se demande seulement si son retour était réellement nécessaire. Au moins il permet de revoir Sylvester Stallone et on ne va pas cracher dessus.


Cette dernière aventure en compagnie de l’équipe telle qu’on la connaît depuis 2014 se concentre sur le raton-laveur aimé de tous : Rocket. L’antagoniste du film est totalement connecté à lui et le fait qu’il soit en lien avec les Souverains présents dans le second opus est une très bonne idée, cela lui donne plus d’impact et fait encore plus méchant ultime. Chukwudi Iwuji est Le Maître de l’Évolution, un méchant sadique à l’égo surdimensionné qui parvient à effrayer à certains moments. Son obsession pour Rocket le plonge dans la folie (parfois meurtrière) et ses motivations, vouloir créer l’être vivant parfait, sont plutôt originales au sein du MCU. Via cet antagoniste, le réalisateur se permet d’inclure une thématique sur la maltraitance animale. Aucune subtilité à l’horizon mais l’effort est à souligner. Le message a de plus le mérite d’être présent tout au long du film jusqu’à la conclusion qui insiste sur l’importance de libérer les animaux. Gunn s’amuse dans la mise en scène de cet antagoniste avec par exemple ce panoramique circulaire vu dans la bande-annonce qui en plus d’accompagner le mouvement du cobaye met l’accent sur la circularité du plan du Maître de l’Évolution (nouvelle créature, développement, problèmes, destruction, retour au départ…). Ce dernier a tout de même quelques défauts qui l’empêchent d’être parmi les grands vilains du MCU : Iwuji tombe parfois dans le surjeu et la sensation qu’il parle plus qu’il n’agit ressort finalement.


Le roi du film est sans aucun doute Rocket sur lequel repose tout le scénario du film. Le raton-laveur anthropomorphe avait déjà eu l’occasion de s’illustrer dans les deux opus précédents et dans Endgame (en étant le seul survivant du claquement de doigt avec Nébula), James Gunn lui offre ici une sublime conclusion. Évoqué ici et là au fil de la saga, le passé du personnage refait surface et permet autant de morceaux de bravoure que d’émotion. Après avoir évité le sujet à chaque fois qu’il revenait sur la table, notre mascotte préférée fait enfin face à ses origines et décide de se débarrasser de son traumatisme. Un traumatisme qui sera montré par bribes à l’aide de flashbacks faisant la transition entre deux grosses séquences. Aussi glauques, le design des amis de Rocket, que déchirants, la scène (prévisible) de la mort de ces mêmes amis, ces voyages dans les origines de celui qu’on voudrait comme animal de compagnie sont simplement géniaux. La scène de la « résurrection » fait passer le spectateur par tant d’émotions. Elle est, dans l’ordre, stressante puisqu’on ne souhaite pas un tel adieu pour le personnage, bouleversante car elle signe les retrouvailles dans l’Au-delà de Rocket et Lylla et enfin frissonnante quand cette dernière envoie son ami accomplir son objectif. Elle constitue certainement l’une des meilleures séquences de la trilogie. Le personnage ne meurt finalement pas mais la boucle est bouclée, il va être difficile de trouver quelque chose d’intéressant à raconter.


Le reste de l’équipe est toujours aussi attachant et chacun arrive à trouver une forme de conclusion. Peter Quill ou le légendaire Star-Lord s’est remis du deuil de Gamora et va pouvoir avancer avec sa famille, but qu’il cherche à atteindre depuis le second volet. Chris Pratt s’est d’ailleurs amélioré en termes d’émotion, le registre plus dramatique lui faisait défaut dans le deuxième volume et il est ici irréprochable (dans la scène citée quelques lignes plus haut notamment). Drax assure l’humour du film mais il se révèle plus touchant et peut retrouver son instinct paternel des années après le massacre de sa famille. Nébula complète sa rédemption tandis que Groot possède moins l’aspect conclusion. Son « I love you guys » ne suscite aucune réaction de l’équipe, ce qui laisse penser que Gunn a tellement rapproché le spectateur de la bande qu’il est capable de comprendre l’arbre vivant. Mantis que j’aime moins trouve tout de même un intérêt en essayant de devenir elle-même, je l’aime davantage avec cet opus qui fait la part belle à ses aptitudes de combat et son humanité quand elle dresse les Abilisk. Il est impossible de connaître la personne qui a eu le pouvoir sur cette décision mais cette conclusion perd en impact quand on se rend compte qu’elle n’ose pas dire au revoir définitivement aux personnages. Il y a sûrement d’un côté James Gunn qui aime tellement ses personnages qu’il n’ose pas les tuer et d’un autre Kevin Feige qui veut les garder sous le coude pour le crossover ultime intitulé Secret Wars. Un choix nécessaire pour le fan service mais qui nuit à la dramaturgie, la remarque valait également pour Quantumania.


James Gunn trouve une dernière occasion de montrer à Marvel Studios qu’il devrait laisser une certaine liberté à ses créateurs. Il fait partie des rares réalisateurs à avoir su mettre sa patte dans un film Marvel et il en fait une dernière démonstration. Son esthétique est moins colorée en raison de la tonalité qui se veut moins comique. On retrouve alors plutôt son sens du design, en témoigne la planète sur laquelle a lieu le braquage qui a en plus un décor intérieur rappelant le vaisseau d’Ego. Sa capacité à mettre en valeur ses personnages est également visible. Le film contient beaucoup de passages iconiques mais deux retiennent particulièrement l’attention : la fusillade avec Groot et Quill et le plan-séquence lors du climax. Ce moment Avengers était tout bonnement parfait. Chacun a son moment de gloire, l’unité du groupe se ressent plus que jamais et le tout est sacrément jouissif. En plus de l’audace de la réalisation (dans le cadre du MCU), les effets spéciaux sont beaucoup moins problématiques que dans les récentes productions. Enfin un film qui est visuellement propre du début à la fin...si on enlève les plans sur le tentacule.


Voilà, Les Gardiens de la Galaxie, c’est terminé. Marvel continuera d’exploiter cette équipe mais sans James Gunn et la plupart des membres, elle perdra de son charme. On ne peut que remercier le nouveau boss de DC pour cette trilogie qui aura fait preuve de fraîcheur dans le MCU. Avec des personnages attachants et une mise en scène plus inspirée dans une histoire contenant de vrais enjeux pour les protagonistes, cette conclusion est la preuve, après Les Éternels, Doctor Strange et Thor (oui), que Kevin Feige devrait passer plus de temps à chercher des réalisateurs de talent que des idées de séries sur des seconds couteaux. James Gunn quant à lui est attendu au tournant pour son reboot de DC qui débutera dans deux ans avec Superman, croisons les doigts parce que la licence revient de loin...

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le 7 mai 2023

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BestPanther

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