De Palma se réapproprie les codes de la satire après Scarface. Cette fois-ci il dépeint une vision caricaturée de la justice par l’Amérique. L’œuvre est plus nuancée sur le propos satirique mais plus manichéenne.
Pour aborder ce sujet il utilise les années 30, pour illustrer une mentalité conservatrice mais toujours d’actualité (armes, discrimination…). Une sorte de « liberté par les armes » sous forme de séquences en forme de clip promotionnel pour la NRA (avec la musique héroïque américaine par-dessus évidemment). L’homme en étant le symbole est Malone qui, au travers de ses dictons, de son accent irlandais et du jeu de Sean Connery, apparaît sous le stéréotype de cette mentalité ; vieil homme blanc, à la limite du racisme et dépeint le mythe de la self-défense vis-à-vis des armes.
Eliot est au final aussi une vision conservatrice car il est l’homme incorruptible fidèle à lui-même et dépeint dans un ménage très dans la tradition américaine. Note : le choix d’acteur de Costner paraît intéressant dans la thèse de propagande vis-à-vis des armes, pour glorifier la légende de l’homme sauveur, débarrassant le danger « étranger ».
Au final le film se moque de cette idéologie, le jeu des acteurs en témoigne et les séquences font parfois sourire de par leur manière abusive d’être mises en scène. Bref, De Palma c’est fort.
Le film renferme surtout un fort intérêt pour sa satire masquée. Cette intérêt est qu’elle est subtile et qu’elle ne repose pas sur des procédés théâtraux. La musique kitsch héroïque pour surligner le bien, les scènes d’armement guerrières… c’est une vision caricaturale de la société des États-Unis et de son sens de la famille, du bien, de la justice etc… on le comprend grâce au sujet emprunté de la prohibition, loi assez bête et symbolique des États-Unis.
Simplement, le film est une œuvre de cinéma et donc exploite son médium en tant que tel ; dans une veine qui exploite la matière du réel, en utilisant les différents éléments caractéristiques du médium du cinéma tels que la musique, la stylisation du réel, pour en extirper le non-subtil qui peut en découler comme ce qui a été fait auparavant dans le cinéma américain, par exemple : dans la sur-exploitation de la musique pour surligner l’héroïsme, dans les films des années 50…
Cette idée est d’autant plus acceptable qu’elle rejoint le fait que De Palma avait pour but avec le Nouvel Hollywood de casser ces codes antérieurs du cinéma qui employait ces procédés cinématographiques et que ce dernier s’est déjà essayé à la satire avec Body Double.