Cela serait radoter que de dire que je ne porte absolument pas Illumination Entertainement dans mon cœur. Cela serait aussi se répéter que de dire que leurs films donnent l'image la plus infantile possible à un médium comme l'animation, à tel point qu'on ait eu le droit à un irrespect des plus criards cette année lors des cérémonies des Oscars et des Césars (la remise du César du meilleur film d'animation pour Le Sommet des Dieux). Sauf qu'en tant que gamer de longue date, je me donne quand même pour but de rester autant que possible à jour sur les productions de cette filiale lié à Universal quand on sait que Mario va passer chez eux prochainement pour le film d'animation prévu très bientôt. Mais c'est pas ce deuxième opus spin-off qui va me rassurer car, autant le dire de suite : c'est vraiment pas bien, et pas qu'un peu.


(Pour ceux qui voudraient une version plus complète : une version plus complète avec des captures d'images est disponible sur mon blog tout en bas de la page).


Depuis le très mauvais Cars 2 chez Pixar, je pense que c’est souvent une très mauvaise idée de donner la vedette à des comiques de services dans une intrigue ou ils n’ont pas ou très peu de matière pour être des bons personnages. Cela n’en est que plus affligeant quand on en vient à créer des spin-off sur ces mêmes comiques pauvre de personnalité et d’histoire.


Les Minions sont à l’animation ce que les lapins crétins étaient à la licence Rayman : des petits parasites qui ne sont bons qu’à faire du boucan en ne sachant pas s’exprimer convenablement comme si il suffisait de piailler des mots aléatoire et vite pour faire rire. Sauf que… ça n’est pas même pas un début de gag, au bout de 12 ans je peine à comprendre que les parents ne se lassent pas de refaire voir le même spectacle à leurs plus jeunes bambins, ni même que les enfants n’en aient pas plus marre ou que les fans d’animation ne soient pas plus nombreux à se plaindre.


Et si on veut revenir davantage sur leurs tentatives de faire rire : la majorité des gags d’Illumination repose en principe sur un slapstick excessif et une hystérie qui manque cruellement de contrôle et surtout recycle ce qui a déjà été fait encore et encore chez Illumination, à savoir un ou plusieurs Minions qui s’exercent à une activité humaine (le kung-fu, prendre le tram, participer à une fête) et tout cela qui se termine en gaffe. Sauf qu’à la longue, ça marche plus, si tenté que cela ait vraiment marché à la base.


L’humour c’est subjectif, en effet, et on n’est pas tous sensible au même type de comédie, j’en ai conscience. Néanmoins il y aura toujours des éléments clés qui feront qu’un gag, une réplique ou une situation fera rire ou pas, et selon moi ces éléments ce sont : le contexte, la logique, l’effet de surprise et même des fois, le fait qu’il y ait quelqu’un qui subisse la situation. Et parmi les exemples que j’ai à donner pour rester dans le cinéma d’animation grand public : c’est le plan de Sisu dans Raya et le dernier dragon des studios Disney.


Qu’on aime ou qu’on déteste Sisu, elle a le mérite d’avoir des principes et un caractère développé qui font qu’on peut la définir : elle est naïvement douée de bonté et souhaite plus que tout que la confiance soit la clé des relations saines entre les peuples. Et au début du dernier acte, quand elle expose à son tour son plan pour récupérer le dernier fragment de l’orbe du dragon que conserve Namaari et le territoire de Fang/Croc, elle propose sans aucune honte de faire un troc avec une guerrière terriblement froide et sarcastique de nature et les animateurs de Disney se font plaisir pour afficher une expression de joyeuseté et de camaraderie en fonction de ce que Sisu imagine : la surprise est totale mais c’est d’une logique indiscutable quand on a la psychologie de Sisu en tête et petite cerise sur le fraisier, ce dernier plan est juste fantastique, bref, de mon humble avis c’est extrêmement drôle et ça marche du tonnerre.


Alors qu’à côté Les Minions 2… ben il n’y a absolument rien de tout ça car Kyle Balda, Jonathan Del Val et Brian Adelson qui sont réalisateurs ne tentent jamais de créer autre chose que des caricatures ambulants ou du comique physique sans plus d’imagination. Si on met de côté les minions, la majorité des éléments comiques du film repose sur un slapstick manquant cruellement de dosage avec une hystérie générale (l’entraînement au Kung Fu qui se résume à voir les Minions faire les pitres et galérer sans fournir un réel effort, la course poursuite entre les Vicious Six et Gru ainsi que ses larbins, l’enlèvement, le cambriolage à la banque) et son lot de grimace qui se veut cartoonesque. Cela sera moins gênant si ça n’était pas la composante principale du film, mais on ne vit pas dans ce monde ci.


Ensuite, de ce défaut découle un autre problème : Les Minions 2 ne respire presque pas et devient un film usant très rapidement à cause d’un rythme qui ne rétrograde que rarement niveau vitesse. Entre le jeu de Steve Carrell sur le jeune Gru (plus proche d’un Nelson dans les Simpsons que d’un vrai méchant en herbe, je dis ça je dis rien) qui rajoute une couche d’hyperexpressivité et les autres comédiens qui n’aident pas (notamment ceux donnant leurs voix aux Vicious Six), l’avalanche de gag pas drôle et de piaillement incessant des minions, la multitude de sous-intrigue traité avec le même je m’en foutisme narratif et l’animation ultra éclairé et coloré en permanence, ce film fatigue et met le cerveau en mode veille et au final il fait ce qu’aucun divertissement animé ou familial devrait faire : pousser à mettre le spectateur dans un état d’indifférence au pire, ou au mieux d’indulgence pour être gentil avec ce qu’il regarde peu importe la qualité du produit.


Ensuite, si encore il était question d’un préquel intéressant ça justifierait son existence, mais même là ça marche pas. On sait déjà comment tout ça va se terminer et non, le public cible n’est pas une excuse pour torcher un scénario à tout va et choisir la facilité : il n’y a aucun intérêt à suivre les Minions ou Gru quand on connait l’étendu des « exploits » du futur faux méchant de Moi, Moche et Méchant, et comme dis plus haut encore moins d’intérêt à suivre les comics reliefs que sont les Minions.


Un préquel trouve son intérêt en suivant des personnages antérieurs aux films (voire que l’on revisite avec un autre œil à une autre époque) ou à une série qui a déjà une mythologie et un univers conçue, en sachant quoi en faire et en réussissant à donner de l’intérêt à ces personnages et à ce qu’ils vont apporter à l’édifice. Comme, au méga hasard Rogue One : A Star Wars Story, malgré son allure de film remonté qui se voit par moment, Gareth Edwards a apporté du neuf en termes de réalisation à l’univers Star Wars et il nous proposait de suivre une petite équipe de fortune au sein d’une alliance rebelle plus grise que ce que l’on connaissait d’eux avec les films de la saga Skywalker, en dépit de ses défauts on trouvait un réel intérêt à voir cette bande hétérogène faire cause commune face à un ennemi commun.


Mais là non, on a rien de tout ça et c’est pas avec le vilain vieillissant Will Karnage ou les Vicious 6 que ça va s’arranger. De plus, pour un film qui comporte 4 sous intrigue à partir du deuxième acte, ben j’ai l’impression qu’il se passe rien à l’écran. On a : Kevin, Bob et Stuart qui partent sauver Gru, la captivité de Gru qui attend la fin du deuxième acte pour prendre une direction narrative, les Vicious 6 en vadrouille et Otto le fil rouge comique à la recherche de la pierre du Zodiaque.


Mais au final, étant donné que le film a stipulé que tout pouvait être une blague et qu’on pouvait valider tout le porte nawak possible (en plus de s’auto flinguer niveau cohérence et intellect), on s’en fiche un peu de tout ça. Déjà parce que pour ceux qui n’auront pas mis leurs cerveaux en veille, il y a de quoi se questionner sur l’intelligence moyenne des gens de ce monde :


comment les Vicious 6 n’ont pas pu être repéré par la brigade anti-vilain alors que leur repère se trouve dans un magasin de disque appelé « Les disques du CRIME » ? Plus ridicule encore, comment ont-ils pu mettre autant de temps à arriver au repère de Will Karnage qui a la maison la plus grande de la ville de San Francisco ?


En plus, on a souvent l’impression que les personnages s’en foutent eux-mêmes du scénario pour la plupart d’entre eux. A commencer par Kevin, Stuart et Bob qui font les cons pendant leurs entraînements alors qu’ils prenaient des cours de Kung-Fu initialement pour pouvoir aller sauver Gru, les Vicious 6 qui traînent à venir à San Francisco (bon ils sont passés chez Gru pour faire parler, facilement, un des Minions mais quand même), Otto ça se règle avec une facilité ridicule et le tandem Gru/Willy ne nous fait rien ressentir puisque même un simple cambriolage ça en fait tellement des caisses pour être cartoon que ça devient long et chiant.


Et pour être bref sur l'animation : je ne dirais pas qu’elle est moche ou mal foutue, ça serait extrapoler et de la mauvaise foi. En fait en tant que telle ça reste joli, on voit qu’on n’a pas affaire à des infographistes de pacotille, mais elle vient renforcer ce côté « sans enjeu » et « sans danger » en étant trop propre, trop lisse, trop élastique au niveau du chara-design avec une absence de variété dans l’éclairage et la photographie ce qui rend le tout ridiculement uniforme et dénué de la moindre audace. Comme exactement tout leurs films d’animation au fait, dans le cas présent on a juste une mise à jour graphique et un style 3D pour rester dans la mode des films d’animation en tout numérique et au final, c’est homogène, sans variété, donc fadasse. Voilà voilà voilà…


Bref, pour conclure simplement : Les Minions 2 est au cinéma d’animation ce que Morbius est au cinéma super héroïque cette même année, à savoir le pire de ce que l’on peut prendre en représentation de son médium. Son seul mérite étant d’être un peu moins vide que le premier film, alors qu’il reprend toutes les autres tâches grasses : entre calembours moisis, des comic reliefs nul aux gags infantiles toujours recyclés, une intrigue parasitée par le remplissage hystérique pour maintenir l’attention des mômes, un rythme insupportablement mal branlé et tout cela au service d’un récit dont on connait déjà l’issue et qui n’a aucun intérêt à être raconté en film vu qu’il n’y a aucune notion d’enjeu, de danger ou même de réel volonté de créer une crédibilité narrative à un univers plat.


Et savoir que ce navet a déjà rapporté plus de 800 millions de dollars dans le monde en comptant bien sûr les 354 millions et quelques aux USA (oh putain, pourquoi Seigneur… ???) alors qu’à côté des films comme Batgirl sont jeté à la poubelle par des exécutifs déconnecté de la réalité et sans vergogne, que le dernier Georges Miller galère à rentrer dans ses frais (encore) ou encore que des séries d’animation galèrent à se conclure ou se poursuivre tel que Glitch Techs ou Luz à Osville, ça m’attriste autant que ça me fout en rogne.


Alors la prochaine fois que quelqu’un voudra cracher sur un Disney sous prétexte que c’est un film musical, sur un film en stop-motion sous prétexte que ça fait peur aux plus jeunes, ou sortir que l’animation japonaise c’est que de la bagarre et de la violence pour attardés mentaux, je l’invite à y réfléchir à deux fois et à penser qu’à côté on a toujours en haut du box-office mondial ce genre de daube ou l’image la plus représentative de sa qualité, c’est celle d’un tic tac jaune la tête plongée dans la cuvette des chiottes.


"Les Minions 2 : Il était une fois Gru, ou mon problème avec Illumination Entertainment !

Maxime_T__Freslon
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le 29 août 2022

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