"La Haine" en plus ambigu

Les Misérables serait-il une redite de La Haine de Matthieu Kassovitz? Peut-être sur le fond mais pas trop sur la forme. Ladj Ly est plus subtil sur la forme.
Il commence par ailleurs avec une séquence sur la coupe du monde pour montrer l'unité de la France. Unité qui ne durera pas longtemps. Le film prend place dans un quartier de cité parisienne ou l'on suit une unité de la BAC avec l'arrivée de Pento censé être le personnage avec un regard neuf. A cela s'ajoute Chris, le cliché du flic violent et Gwada, le jeune flic issu des quartier populaire. Le tout donne une équipe assez intéressante.
On la voit patrouiller dans les quartiers, prendre contact avec la population et réprimander, parfois de manière violente sans trop se poser de question.
L'intelligence de Ladj Ly est dans la nuance qui crée un filme touchant et crédible là ou la haine était beaucoup trop envahi par ses propos anti-flics. Ici, le parti pris est plus subtil. La bavure est d'ailleurs réalisée par le flic calme issu des cités en amenant bien les circonstances qui amènent à un tel acte.

Bon, on peut tout de même rappeler que lorsqu'on ne respecte pas la loi, il faut s'attendre à se faire réprimander. Que notre révolte nous semble légitime ne rend pas légal et les flics sur ce terrains sont là pour faire respecter la loi.

Bref, je ne me suis pas ennuyé un seul instant pendant ce film et ne peut que vous le conseiller.

Reste alors la question de la conscience du réalisateur au passé douteux. Ma question reste toujours : "ai-je le droit d'apprécier une œuvre dont l'auteur est mauvais"? Sans aller jusqu'à Roman Polanski, Bertrand Cantat ou même Ian Watkins, peut-on vraiment séparer l'auteur de l'oeuvre? Car Ladj Ly a bien été arrêté pour “arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire"? Il faut croire qu'avec cette note, je fais la différence même si je me pose continuellement la question.