Les nouveaux sauvages ou l'ascenseur émotionnel diabolique

6 sketchs, 6 situations grotesques, explicitement violentes dans tous les sens du terme, font plonger dans un océan de délire psychodramatique.
D'une scène de vengeance machiavélique, avec un personnage absent parvenant à mettre à mort l'ensemble des personnes responsables de sa médiocre vie, à l'hillarante perte de contrôle générale d'une salle de mariage, théâtre d'un règlement de compte impitoyable entre deux mariés infidèles.
On découvre dans ce film produit par les frères Almodovar la quintessence de la folie humaine, jamais perceptible, toujours présente, prête à éclater au moindre évènement insignifiant. Comment l'enlèvement d'une voiture par les services de fourière peut-il mener à un attentat ? Comment une conduite en état d'ivresse peut-elle tourner au drame national et à l'assassinat d'un innocent ?
Les nouveaux sauvages révèle les pulsions, l'inconscient barbare qui réside en chacun de nous. Freud aurait trouvé dans ce film l'illustration parfaite d'une prise de contrôle du ça sur le moi, le surmoi abandonnant définitivement sa tâche de garde fou face aux assaults d'Eros et Thanatos.
Oeuvre psychanalytique, les nouveaux sauvages est également un message politique fort, avec la prégnance d'une dénonciation de l'Argentine corrompue, livrée à une administration incompétente, à des fonctionnaires rémunérés au bakshish.
Sans discontinuer, d'une scène à l'autre, les larmes ne sont pas loin : larmes d'effroi, face à des scènes d'une violence inouïe, larmes de compassion, en contemplant des personnages dont le bouillonnement intérieur devient une véritable éruption mortifère, larmes d'attendrissement et d'émotion, devant des histoires qui résonnent dans la mémoire du spectateur comme une amplification maximale d'expériences de vie personnelles, larmes de rire enfin, parce qu'on ne cesse de se poiler, des premières scènes, à l'explosion finale d'un mariage irrésistiblement démentiel.
À voir, de toute urgence.