Pour son premier essai en tant que réalisateur, Robert Hossein adapte une pièce de théâtre à succès de son ami Frédéric Dard (le père de San Antonio) et tente de renouveler le film noir à la française façon Clouzot ou Duvivier en privilégiant une ambiance volontairement peu réaliste, tirant cette histoire de deux prisonniers en cavale du côté de la fable existentielle. Ce n'est pas toujours réussi, notamment à cause d'une musique insupportable qui surligne lourdement chaque péripétie du récit, et l'histoire, peu crédible, accuse quelques longueurs, notamment dans la première partie au sein de la prison. Mais on sent que le propos du réalisateur est ailleurs, dans la relation ambiguë, teintée de sadomasochisme et d'homosexualité latente entre les deux personnages masculins. "Qu'est-ce qui est le plus important, un ami ou une femme?" se demandent-ils lorsqu'ils se retrouvent confrontés à la puissance érotique primitive incarnée par Marina Vlady. Entre Jean Genêt pour les scènes de prison (surprenants numéros chantés!) et un certain cinéma japonais pour la seconde partie dans les dunes d'une mer non identifiée, Hossein expérimente, parfois maladroitement mais avec sincérité, autour de thèmes universels. A découvrir!