Je n’avais pas vu le 1er opus des Trois mousquetaires, version Martin Bourboulon, dont un rappel est fait en début de film. Cela n’est cependant pas suffisant pour rendre ce 2ème opus compréhensible. Certes, les faits historiques eux-mêmes sont d’une extrême complexité et l’œuvre d’Alexandre Dumas, qui invente des personnages fictifs, n’est pas pour les simplifier. En outre, pour embrouiller encore plus le spectateur, rien n’est fait dans le film pour que l’on puisse clairement identifier les protagonistes. On a l’habitude de reconnaître les mousquetaires à leur costume rouge, couleur emblématique du cardinal de Richelieu. Ici, d’Artagnan et ses célèbres compagnons, Aramis (Romain Duris), Porthos (Pio Marmaï) et Athos (Vincent Cassel), ne se différencient pas, par leur habillement, de celui des autres soldats, sales et dépenaillés, engagés dans la guerre. Pas plus que le cardinal que l’on imagine (peut-être à tort), toujours vêtu de rouge par référence à son portrait en pied au siège de La Rochelle peint par Henri-Paul Motte, il est vrai dans une vue d’artiste du XIXe siècle qui peut être trompeuse. Quant au roi Louis XIII, joué avec son dilettantisme habituel par Louis Garrel, il n’est que de très loin ressemblant à l’image autoritaire (surtout dans la 2ème partie de son règne) que nous en ont dressée les historiens mais que n’a pas retenue Alexandre Dumas. Mais, au vu des libertés que prend le réalisateur avec le texte de l’écrivain, il aurait pu aussi bien redonner au roi un peu plus de vigueur. Quant à la mise en scène, elle est terriblement brouillonne, l’image, constamment sombre, donne l’impression que tout est filmé de nuit ou que l’on voit le film à travers des lunettes noires. Même la reconstitution du siège de La Rochelle, dont j’avais entendu dire qu’elle était l’une des réussites du film, m’a laissé sur ma faim : on a beau connaître l’histoire et savoir que les troupes catholiques ont livré un combat avec les protestants occupant la Rochelle et ont repoussé les navires anglais de Lord Buckingham, on a du mal à différencier les uns et les autres et à comprendre de quoi il retourne. La confusion est totale et rien ne reste de ce film que des scènes répétitives de combat qui finissent par lasser. Un seul point positif surnage de ce naufrage, le jeu d’Eva Green qui campe une Milady sulfureuse, insaisissable et imprévisible et malgré tout humaine qu’on adore détester.