Ah ces vieux films romantiques, ces amourettes en noir & blanc, cette atmosphère si caractéristique de ces années 40 où l'amour semble si passionné à chaque coin de rue, ça fait toujours rêver. Et pourtant contre toute attente, le cinéaste aux origines Allemande Max Ophuls m'offusque d'un soi-disant chef d'oeuvre que je n'ai pas reconnu.

Le mode de narration est pourtant tout ce qu'il y a de plus original et de plus apte au romantisme le plus efficace, avec cette longue lettre d'une inconnue, semblable à une déclaration d'amour.

Il y a tout d'abord ce problème avec ces acteurs, qui récitent leur dialogue de façon si monotone, avec aucun panache sensé transmettre cette magie propre à ces histoires d'amours. Leur prestations ne sont pas vraiment convaincantes, sans être mauvaises, mais à ajouter un drôle d'accent, on a l'impression que le casting est tout sauf d'origine anglo-saxonne.

Quand à la mise en scène de cet amour, ça me dépite de voir tant de niaiseries de ce personnage de Lisa Berndle, qui dès son adolescence - alors que son actrice à 30 ans - est amoureuse d'un homme dès le premier coup d’œil... sur ces meubles et qui lui vouera un culte toute sa vie ! Tout ça en ayant vu que ses putains de meubles ! Évidemment, l'amour se devant d'être partagé, celle-ci va essayer de forcer la rencontre et se promenant devant son appartement si bien meublé.

Elle finit par le croiser un soir où la neige s’affaisse sous les pas des deux âmes destinées à se rencontrer au coin d'une rue, Lisa est contente, l'amour en-elle n'est pas perdu, et il s'est même au fil du temps accru. Et tout s'enchaîne si machinalement en dépit de la cohérence. Parce que se faire payer un resto sous prétexte que l'Homme vous a entrevu une ou deux fois, ça ne choque personne, et surtout pas cette grognasse qui sait que le monsieur est de nature assez volage.

Néanmoins, la force du film demeure dans cette certaine naïveté, ces gens aux destins tout tracés dont nous suivons leur mamours quotidiennes où la passion ne cesse de prendre de plus en plus de place comme par magie. Magie souvent mis en place par des dialogues. Mais ici rien de transcendant, les discussions sur les homards, les voyages de madame, les passions de monsieur ne sont pas très percutants et pas plus très romantiques, puis objectivement ces anecdotes qu'ils se racontent ne sont pas très intéressants.

La mise en scène est assez réussi malgré quelques scènes inconcevables où on souhaite dire "comme de par hasard", avec cette scène où les tourtereaux dansent, et que BIM comme par magie, les musiciens disparaissent sans dire un mot dans un temps record. Parfaite occasion à notre grand pianiste pour charmer la dame en mettant en oeuvre ses talents avec cet instrument si romantique.

Heureusement que la fin se démarque de manière plus original, où on perçoit finalement le but de cette lettre avec cet aveu, et nous comprenons enfin la situation de notre personnage avant la réception de cette biographie en deux volumes. "Rien n'arrive par hasard". Ok mais j'aurai pas été contre quelques bonnes surprises. Puis cette coiffure de Joan Fontaine est affreuse, ce n'est pas parce que le réalisateur est d'origine allemande, qu'il fallait se mettre une choucroute sur la gueule. Mais le résultat est quand même globalement satisfaisant, et reste un modèle du genre.

Pour parvenir à cette euphorie tant partagée sur l'absurdité romanesque de ce film, j'aurai peut-être dû, moi aussi, avant d'ouvrir cette lettre, me prendre quelques verres de cognac.
Alex-La-Biche
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le 25 juil. 2014

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le 25 juil. 2014

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Alex La Biche

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