Light of my Life semble offrir un prolongement au film A Ghost Story, tant du point de vue de son thème – l’imminence de la disparition change les personnages en morts-vivants – que de celui de son traitement, comprenons une langueur d’un corps à bout de souffle qui se traîne et se traîne encore sur près de deux heures, porté par la partition de Daniel Hart. L’originalité du film de Casey Affleck est de multiplier les intertextes bibliques, pensant ses scènes comme des répétitions ou des transpositions de paraboles issues des textes sacrés. L’idée même du martyre d’un père devant défendre la vie de sa fille contre un monde chaotique et dépourvu de femmes apparaît d’emblée comme une épreuve christique, martyre accentué par de nombreux flashbacks qui accentuent le tourment du personnage. Il s’agit pour lui de « continuer à être papa », de persévérer dans la transmission d’un bagage humain en dépit du fait que l’humanité environnante s’avère sauvage dépourvue de couleurs.


Toutefois, si Light of my Life a bel et bien une idée, qu’il étire sur deux heures, sa structure reste trop verrouillée pour convaincre : les retours en arrière sont opportunistes, la mollesse de l’ensemble – quoique nécessaire pour accélérer soudainement le rythme lors des scènes de traque – devient une finalité en soi et n’épouse que mal la dynamique post-apocalyptique, ses incertitudes, son climat paranoïaque ; un confort de mise en scène et de réception critique s’installe. Car une fois établie, la mise en scène ne fait que répéter ad nauseam le même schéma, applique un cahier des charges avec de longs plans fixes, des violons qui grincent et une image désaturée. Tout cela sonne faux, si bien que la démarche esthétique échoue à saisir les rayons de lumière qui jaillissent d’une source quant à elle opérationnelle : la jeune Anna Pniowsky. Une œuvre prisonnière de son dispositif, forte de quelques réussites locales.

Créée

le 14 août 2020

Critique lue 1.3K fois

11 j'aime

Critique lue 1.3K fois

11

D'autres avis sur Light of My Life

Light of My Life
Behind_the_Mask
8

Just a girl

Il y a dix ans, John Hillcoat adaptait Cormack McCarthy avec La Route, en narrant l'errance, sur fond de post apo, d'un père et de son fils. Il y a deux ans, en plein tremblement de terre #Metoo,...

le 12 août 2020

44 j'aime

6

Light of My Life
Velvetman
7

Le féminin comme motif

Après son vrai faux documentaire qui avait étudié avec ironie la retraite de Joaquin Phoenix, Casey Affleck retourne enfin derrière la caméra avec le dénommé Light of my Life. Un film post...

le 2 sept. 2020

22 j'aime

3

Light of My Life
Accablante
5

Pourquoi y a t-il toujours des vieux journaux dans le grenier ?

Vu à l'occasion de la Cinexpérience #169 (Merci senscritique !). Ce sera une critique courte pour râler... Ce n'est pas un mauvais film en soit. Le duo d'acteurs est sincère, leur relation touchante...

le 4 août 2020

17 j'aime

3

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

86 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

77 j'aime

14