Solitudes éperdues

Il n'est pas facile de faire un film sur l'ennui sans ennuyer. Sofia Coppola tente et réussit ce pari dans lost in translation, un hymne magnifique à la solitude et aux erreurs irrréparables.
Porté par deux comédiens d'exception, Bill Murray et la toute jeune Scarlett Johansson, ce film ne peut être vraiment apprécié que si on a ressenti un jour la même sensation d'être piégé comme le dit Charlotte l'héroïne. Alors on comprend mieux ce qui se déroule sous nos yeux.
C'est l'histoire de deux occidentaux à Tokyo venus là pour des motifs bien différents. Mais la réalisatrice fait en sorte de nous mettre à leur place: nous écoutons alors parler japonais sans comprendre, nous déambulons avec les anti héros dans des lieux qui nous laissent perplexe, parce qu'ils traduisent le choc des cultures. Le seul lien avec l'occident se trouve dans des karaokés improbables où de mauvais chanteurs massacrent des titres de notre passé. Les deux héros sont insomniaques alors ils vont se croiser au bar de l'hôtel et parler de tout et de rien, se trouvant le même point commun puisqu'ils sont perdus dans une vie qu'ils ne maitrisent pas.
En réalité, cette histoire est juste symbolique: si les deux héros n'apprécient pas Tokyo, ce n'est pas par ethnocentrisme, juste parce que cette culture différente leur rappelle à quel point ils sont étrangers à leur propre histoire. Mais Bob Harris est drôle et il fait rire Charlotte. cela suffira t il à faire naitre une histoire d'amour? Peut-être, ou peut-être pas. Ils ont 35 ans d'écart, Charlotte a tout le temps qu'il faut pour reprendre le contrôle de son existence, pour Bob il est un peu tard.
Quant à la fin, voici mon interprétation.

C'est donc un film romantique bien agréable qui nous est proposé. Passez votre chemin si vous ne vous êtes jamais demandé ce qu'aurait été votre vie en faisant d'autres choix, ou si vous vous attendez à des ébats torrides entre les deux héros. Sinon, profitez de ce moment de grâce où tout ne peut pas être traduit par des mots.