Alala, Sion Sono, encore lui, j'ai envie de dire! J'ai longtemps attendu avant de m'atteler à Love Exposure, premièrement du fait de sa longueur mais aussi à cause du réalisateur lui-même, que je dois avouer ne pas aimer tant que ça. Bien sûr, j'ai adoré The Land of Hope (très à part dans sa filmo, cependant) et l'hystérie si chère au Japonais dans Himizu ne m'a pas dérangé - elle servait un discours intéressant dont la mise en pratique s'était avérée touchante. Mais j'ai aussi vu Tag, grosse bouse nauséabonde à mes yeux, dont la moyenne élevée sur SC me fait me demander si je fais aussi partie de la race humaine, parfois. Bref, Son Siono est inégal, et je reste méfiant à son égard, car je sens pointer l'arrogance du Monsieur rebelle qui veut montrer que son génie ne connait pas de limites.
Attention, toutefois, à ne pas confondre génie et égarement! Car bien que ce long film ne soit pas mauvais, je lui ai trouvé un certain nombre de défauts, qui empêchent les bonne trouvailles de se développer pleinement.
Adolescence perdue
Tout d'abord, je dois dire que j'ai beaucoup aimé la première partie centrée sur le héros du film. Pendant une grosse heure, Sion Sono se concentre (je dis bien concentre, car il perdra de cette précision au fil du film pour ne la retrouver qu'à certains moments) sur la triste enfance de ce jeune garçon qui subit les défauts de son père déchu. Portrait intéressant s'il en est, car image de cette jeunesse jap' en déliquescence et en recherche de valeurs qu'elle a délaissé avec le modernisme, cette histoire est touchante car le cinéaste s'efforce de nous emmener aux côtés de ce jeune un peu déluré plus ou moins subtilement. La mise en scène sionesque passe bien car elle semble vouloir pénétrer ces visages si marqués, entre le père bipolaire et le garçon naïf, et l'ambition marquée via la musique incessante n'est pas de trop car elle donne une sorte de fausse grandeur à cette histoire un peu ridicule. C'est pourquoi les activités de cet adolescent à la recherche du grand amour mais qui photographie les culottes des jeunes filles ne paraissent pas si décalées, comme Siono voudrait le faire croire. Chacun sa manière d'être romantique, après tout. Et Siono réussit tant bien que mal à convoyer ce message mi-romantique mi-dérangé de ce jeune un peu perdu qui malgré sa perversité reste très doux.
Descente dans la médiocrité
Mais voilà, ce film ne dure pas une heure et demi, il dure quatre heures. Et après ce premier chapitre, Sion Sono se perd entre ce jeune ado si touchant et les nouveaux personnages. Sa mise en scène devient répétitive et signe d'impuissance, Siono tombant dans les facilités (jets de sang, personnages dénués de personnalité...) tandis que le discours du début disparaît peu à peu pour ne réapparaître que par bribes. En effet, la séquence dans la caravane sort du lot pendant les deux dernières heures, le message premier du film (l'histoire d'amour entre deux gamins perdus) reprenant tout son sens. Mais à part ça, le film devient laborieux, et toute l'intrigue autour de l'Eglise Zéro semble être de trop, tandis que le personnage du héros est délaissé pour ne revenir qu'à la fin.
J'ai l'impression que Sion Sono a eu les yeux plus gros que le ventre, voulant critiquer beaucoup de choses (la religion, évidemment) jusqu'à essayer de devenir aussi controversé que possible, alors que le début annonçait de belles choses.