Œuvre fondatrice où l’art s’unit à la pensée, et où se heurtent le progrès et insécurité.
Fritz Lang, architecte précurseur, sculpte le sombre et l’intellect dans une fresque lourde d’interprétations.
C’est ici l’âme d’une époque tourmentée qui s'anime en fiction, une époque où l’insécurité, menaçante et croissante, se déploie dans chaque ombre et chaque silence. Pourtant, c'est de la mélodie que va naître le crime.
Ce film dépasse le seuil du récit criminel en questionnant la société sur la légitimité de ses jugements, et interrogeant les monstres qu’elle enfante.
Lang, d’une main sûre et visionnaire, interroge les arcanes de la pègre et de la police, dévoilant une chasse où les pistes de forces rivales s'entrecroisent.
Par tout cela, la caméra s'interroge et s’insinue dans les ruelles sombres et traîtresses, ses travellings et contre-champs traquant l’horreur tapie. À l’expressionnisme brut, Lang ajoute la raison glaciale ; et dans cette tension insoutenable, il scelle un univers oppressant, miroir d’un temps pris dans le vertige de sa propre peur.