Feel-good movie assumé, Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan déploie toutes les qualités et les limites du genre. Derrière son vernis lumineux et bienveillant, le film explore l’obsession irrationnelle d’une mère croyant que son fils peut être touché par la Grâce – une sorte de Madone moderne dont les délires finissent par peser sur tous ceux qui l’entourent. Ce déséquilibre, que la mise en scène aborde toujours par le prisme du comique, rend le personnage principal à la fois attachant et agaçant — « attachiante » en somme — mais jamais véritablement inquiétant, pathétique ou castrateur.
Le scénario, parfois redondant, multiplie les excès pour mieux préparer un twist qui, s’il surprend, arrive au terme d’un parcours un peu laborieux. La « folie protectrice » de la mère finit par prendre toute la place, reléguant les autres enjeux dramatiques au second plan. Roland, son fils, parvient certes à s’émanciper de cette emprise, et même à s’en sortir honorablement, mais l’on sent qu’il part de loin : sa mère constitue, en creux, un deuxième handicap à son développement naturel.
Face à cette figure envahissante, la femme du héros apparaît en contrepoint : idéale, lisse, presque irréelle. Les conflits conjugaux que cette opposition pourrait générer sont à peine effleurés, et la famille que Roland fonde semble sortie d’une publicité Ricoré – petit-déjeuner parfait et harmonie sans aspérités.
Sur le plan visuel, la mise en scène séduit par sa reconstitution d’époque fidèle, mais un peu trop appuyée : décors, costumes et relations homme-femme plongent dans un vintage stéréotypé, où chaque détail semble crier « années 60 ». L’ensemble pâtit en revanche d’une bande-son incohérente, certes ancrée dans son époque, mais déconnectée des goûts plausibles des personnages. Trop présente, trop démonstrative, elle finit par alourdir ce film qui aurait gagné à un peu plus de retenue.
Malgré ces maladresses, Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan reste une comédie tendre, bien jouée et généreuse, mais qui ne parvient jamais à dépasser la superficialité de son ton feel-good pour embrasser pleinement la complexité de son sujet.