Diesel & Dust
Mad Max, c’est un genre qui s’assume totalement, se déploie et explose dans une longue et puissante décharge. Sur un scénario qui ne s’embarrasse pas d’originalité, Miller propose un western punk...
le 21 nov. 2013
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Mad Max est un film australien post-apocalyptique sorti en 1979, et réalisé par Georges Miller, qui signe là son premier véritable succès au box-office. Et quel succès ! Avec plus de 100 millions de recettes pour un budget de 400 000$, Mad Max devenait le succès cinématographique australien le plus retentissant de l'Histoire. A tel point qu'aujourd'hui, on connaît surtout la trilogie Mad Max, au même titre qu'on connaît la tétralogie Indiana Jones et la trilogie Jurassic Park: elle est devenue une franchise qui est rentrée dans la culture populaire. Seulement, à l'approche du quatrième opus de la saga, Mad Max: Fury Road, on ne peut qu'être tenté de se pencher sur la trilogie: vaut-elle son succès ?
Les premiers plans du film annoncent la couleur: l'on va assister à un film vieillot, aux couleurs définitivement kitsch, et au style bien trop décalé. Le manque de budget se voit immédiatement, alors que la première course-poursuite prend place en ouvrant le film. Pour nous qui sommes conditionnés à la surenchère hollywoodienne d'effets spéciaux et d'explosions, les deux ou trois caravanes éventrées de Mad Max peuvent vite nous paraître au mieux légères, au pire amatrices, et en aucun cas spectaculaires. La réalisation n'aide pas non plus, avec un dévoilement du héros plus que vu et revu depuis 1979: un plan fugace via un rétroviseur, une image du héros caché derrière ses lunettes rutilantes, l'air impassible: l'archétype du héros mystérieux plein de sang-froid.
Et puis, le film commence vraiment. Les décors australiens, désertiques et plats, se succèdent, jusqu'à un seul point de fuite: l'horizon. Mad Max, profitant du vrombissement soudain de l'Interceptor, dévoile sa véritable nature: l'essence impulsive d'un post-apo mécanique et agressif, symbole d'une civilisation bancale, indécise alors qu'elle penche tantôt vers les derniers êtres civilisés, tantôt vers les brutes animales qui s'auto-proclament les Aigles de la Route.
[...]les bons, les méchants, le manichéisme disparaissent...
Tel est le synopsis. Je suis d'avis qu'il est assez inexact, tant ce sera plutôt le deuxième opus, Mad Max 2: The Road Warrior, qui verra son héros, Max Rockatansky, lorgner petit à petit vers la folie et la brutalité. A l'heure du premier Mad Max, tout manichéisme existe encore, et il est particulièrement visible dans certaines scènes.
Je pense notamment à la scène où la femme de Max va chercher une glace pour son fils et qu'elle se fait aborder par un groupe d'Aigles de la Route. Le contraste est visuel et audible, que ce soit par le comportement des deux personnages, leur apparence ou encore leur langage: un parler ordinaire pour la femme, des grognements pour les autres. Cela fonctionne également avec la scène de l'enlèvement du fils de Max, plus loin, où l'on a un plan d'ensemble comprenant les Aigles et leur comportement étrange et les vestiges de la civilisation incarnés par la femme de Max et sa mère.
Max est un homme stable: il est policier, il a une femme, un enfant, une famille, une maison. Tout l'oppose, pendant la majorité du film, aux sauvages de la route qui pillent tout sur leur passage. Lorsque Max tue, il tue par vengeance, et avec lucidité: il n'est pas encore véritablement Mad Max mais simplement Max Rockatansky, un survivant de la déchéance des hommes qui aimerait vivre une vie paisible avec son épouse et son film, au passage parfaitement interprété par un Mel Gibson encore méconnu à l'époque. A ce titre, Mad Max ne paraît être que la genèse de l'histoire d'un homme qui va tout perdre et se laisser bercer par les sirènes de la vengeance, pour venir incorporer un récit absous de tout manichéisme, où il n'y a plus qu'un personnage: la Folie.
Mad Max a beau avoir été censuré à sa sortie, ses scènes les plus violentes ne font pourtant qu'évoquer la violence: le film ne bascule jamais dans le gore jouissif, et préfère rester un post-apo passe-partout, applicable à n'importe quel homme, à n'importe quel époque, n'importe où. On pourra de la sorte reprocher à Mad Max une certaine simplicité par moments, et un univers plutôt restreint; ses défauts seront néanmoins dans la majorité camouflés par l'inventivité d'un Georges Miller qui ne fait, ici, qu'exposer les bases de son monde.
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Créée
le 11 mai 2015
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[SanFelice révise ses classiques, volume 9 : http://www.senscritique.com/liste/San_Felice_revise_ses_classiques/504379 ] Du premier épisode de la trilogie Mad Max, je ne gardais strictement aucun...
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La séquence d'ouverture donne déjà le ton, Mad Max sera furieux et fou, à l'image de l'homme traquée dans cette scène, et fera naître une légende, que George Miller iconise dès cette première...
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