Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.

Peu de films heurtent la rétine comme le fait Man on Fire. Que l’on apprécie ou non la proposition esthétique formulée ici par Tony Scott, son souvenir vous poursuit jusque dans votre sommeil. Aucun échappatoire possible à sa fureur : elle fond sur vous, tel un animal captif libéré de ses chaînes se jetant sur ses geôliers. Man on Fire est une profonde morsure cinématographique, en même temps qu’une intense leçon de cinéma.


Tourné sur place, au Mexique, dans un pays où le rapt et l’assassinat étaient alors deux disciplines reines (la production étant allée jusqu’à envoyer des sacs mortuaires nominatifs à l’équipe, « pour la blague »), le 12e film de Tony Scott - qui aurait pu être son second - porte les marques de ce tournage sous tension. Sur le qui-vive, la caméra capte les gestes, les regards et les visages dans un ballet syncopé d’images se dissolvant dans la nervosité d’un montage au bord de l’éclatement. Aucun répit n’est laissé à l’action comme au spectateur : Man on Fire est une expérience exigeante qui se mérite. Un film à fleur de peau où chaque émotion, chaque sensation est décuplé.


A l’écran, sous le soleil accablant de Mexico, l’affliction, la souffrance, l’amour et la rage sont ainsi portés à l’état d’incandescence, état auquel la musique de Harry Gregson-Williams sert d’excellent comburant. Les rares moments suspendus se doivent alors d’être saisis au vol, telle la main tendue par une petite fille venant d’achever son 150 mètres nage libre, avant que la frénésie visuelle et sonore n’emporte à nouveau la narration.


Loin d’être gratuite et cosmétique, cette forme abrasive se coule dans la psyché de son héros afin d’en exprimer la moindre variation. Elle est l’expression de l’anima de ce garde du corps cabossé, magistralement interprété par Denzel Washington. Ce dernier forme par ailleurs avec la jeune et talentueuse Dakota Fanning l’un des plus émouvants tandems de ce type dans l’histoire du cinéma, très loin devant celui, malsain, du consacré Léon. Autour d’eux, Tony Scott constitue un casting de seconds couteaux affûtés : Christopher Walken, Mickey Rourke, Giancarlo Giannini, Rachel Ticotin. Tony avait décidément le sens de la distribution !


Outre sa forme outrancière, on peut reprocher à Man on Fire sa longueur, un poil excessive elle aussi. Pourtant, rien n’est superflu dans ce film d’une efficacité quasi redoutable. Tout est là, le temps d’une seconde, d’une image, au service de son sujet et de sa substance. Inoubliable !

2flicsamiami
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le 23 nov. 2025

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