Le scénario qui tombe à pic est plus proche du scénario qui tombe à plat. Brian Kirk, issu des séries, arpente ce long-métrage avec une idée, celle de révéler qu’un uniforme n’est pas tout blanc ou tout noir. Autant dire qu’à première vue, ce n’est pas dans l’originalité qu’on va puiser de l’intérêt pour le film, mais bien dans le charisme de ses héros. Et une fois encore, le jeu n’est que suffisant, malgré une série B qui se dessine et qui aurait pu se distinguer de ses concurrents. Rien ne brille, la mécanique est presque automatique, si bien que les fils blancs se multiplient et ne laissent même pas une once de suspense nous atteindre.


Andre Davis est un inspecteur qui n’a pas de quoi rendre jaloux un certain Harry Callahan, car se définit d’entrée par un traumatisme émotionnel. Chadwick Boseman le campe pourtant avec un certain engouement et s’applique à la tâche. Malheureusement, nous sommes loin de sa prestation dans « Get On Up » ou « Message from the King ». Après s’être enterré dans les coulisses de Marvel, il nous revient avec un costume plus complexe à étudier, mais pour ce qu’on en fait, il y aura peu à discuter. Ce que l’on souhaite mettre en relief, c’est pourtant une traque sur une île connectée par 21 ponts, mais jamais on ne joue sur ce moyen de pression ou cette tension. On peut donc résumer cela à une partie de cache-cache dans des quartiers de nouveaux riches, avec option métro afin de confirmer l’atmosphère New-Yorkaise. Le film ne cherche ni à rentrer dans l’actionner movie et c’est sans doute ce qui le trahit, car on nous ampute d’un certain intérêt dans une course-poursuite qui ne prend pas réellement le temps de se poser.


On accélère toujours plus vite, on évite les temps morts, mais on ne retient que des raccourcis maladroits. En insistant sur l’efficacité, le film perd peu à peu en substances et tout se déconstruit à vue d’œil. Même après avoir saisi l’ampleur du sujet, à savoir dénoncer les agents de l’ordre qui ne justifient plus l’usage de leurs armes et de leur pouvoir, il reste toute une intrigue à développer et la traque vient à peine de démarrer. Ce portrait de l’Amérique avait pourtant de quoi plaire, même dans une démarche testostéronée, mais le réalisateur échoue à rendre le divertissement plus que convenable. Le visionnage en devient stérile et la plupart pourraient saturer de cette recette, maintes fois recyclée et maintes fois malmenée. Et malgré le faux-rythme soutenu, la narration assomme.


En somme, « Manhattan Lockdown » (21 Bridges) peine à convaincre et se cache derrière son classicisme pour mieux jouer sur la sensibilité des spectateurs. Mais il n’y a rien d’aussi implicite, dans un film qui catalogue trop rapidement ses personnages secondaires, comme une Sienna Miller en retrait et une J.K. Simmons presque farceur. Le tout sonne comme stérile et les rebondissements n’ont plus besoin de compte à rebours pour s’annoncer. L’image que l’on peut avoir de la justice est donc fiévreuse, de même que le concept qui se limite à son titre et dont on ne tire pas avantage, pour raconter une mise en scène qui résume plus les situations de crise qu’elle ne les suggère.

Cinememories
4
Écrit par

Créée

le 6 juil. 2020

Critique lue 269 fois

1 j'aime

Cinememories

Écrit par

Critique lue 269 fois

1

D'autres avis sur Manhattan Lockdown

Manhattan Lockdown
ConFuCkamuS
4

N.Y Traditionnel

En sortant de Manhattan Lockdown persiste l'impression que le vrai film n'est pas celui sorti en salles. Le montage étrange (séquences parallèles collées grossièrement) et les personnages sabrés...

le 1 janv. 2020

11 j'aime

1

Manhattan Lockdown
JorikVesperhaven
5

Postulat prometteur et mise en scène alerte ne sauvent pas ce policier de la banalité d'un direct to

Le film commence par poser brièvement et sommairement les deux seuls traits psychologiques du personnage principal. Traumatisé par la mort de son père flic, il suivra le même chemin et, complètement...

le 6 déc. 2019

8 j'aime

Manhattan Lockdown
HITMAN
6

Poste 85.

Polar urbain d'action produit par les frères cinéastes Anthony et Joe Russo (Tyler Rake), ici seulement producteurs d'un budget de 33 millions de dollars. Ce Manhattan Lockdown sorti le jour du...

le 22 mai 2020

6 j'aime

4

Du même critique

Buzz l'Éclair
Cinememories
3

Vers l’ennui et pas plus loin

Un ranger de l’espace montre le bout de ses ailes et ce n’est pourtant pas un jouet. Ce sera d’ailleurs le premier message en ouverture, comme pour éviter toute confusion chez le spectateur,...

le 19 juin 2022

22 j'aime

4

Solo - A Star Wars Story
Cinememories
6

Shot First !

Avec une production et une réalisation bousculée par la grande firme que l’on ne citera plus, le second spin-off de la saga Star Wars peut encore espérer mieux. Cela ne veut pas dire pour autant que...

le 23 mai 2018

19 j'aime

2