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A travers l’histoire vraie d’Enric Marco (1921-2022), qui s’est fait passer, pendant des années, pour un déporté au camp bavarois de Flossenbürg, et a porté le combat de faire reconnaitre à l’état espagnol la déportation (sous Franco) de concitoyens, le film est riche en thèmes. D’abord, celui du mensonge, de la trahison de la confiance des proches [collaborateurs mais aussi famille (comment vivre quand on est l’épouse ou la fille d’un faussaire ?)] et au-delà, des conséquences de la révélation du mensonge (grâce à la ténacité d’un historien), à travers Enric Marco [Eduard Fernández, 60 ans, exceptionnel, confirmant son talent vu dans « El 47 » (2024) de Marcel Barrena], personnage mythomane, manipulateur (évitant l’affrontement direct), aimant qu’on l’écoute, séduisant son public, recherchant la lumière, ne lâchant rien, même quand il est découvert (ce qui en fait, avant l’heure, un personnage très proche du président des Etats-Unis, Donald Trump), niant l’évidence jusqu’à la fin de sa vie et se faisant passer pour une victime. Enric Marco, malade mental incurable, reste différent d’autres faussaires tels que Jean-Claude Romand qui avait menti à ses proches, se faisant passer pour médecin et chercheur et qui, acculé à la révélation de ses mensonges, bascula dans la tragédie criminelle et dont la vie a aussi fait l’objet d’adaptations cinématographiques dont celle par Nicole Garcia, « L’adversaire » (2002) avec Daniel Auteuil. Les réalisateurs ont vraiment fait œuvre cinématographique, en insérant des images d’archives, en en créant d’autres avec les acteurs, avec une fiction plus vraie que la réalité, et reposant sur un gros travail de documentation. Le film a aussi le mérite de dévoiler une période peu connue de l’histoire espagnole : d’une part, l’existence d’une collaboration avec envoi de travailleurs, volontaires, en Allemagne en 1941 [un peu comme le S.T.O. en France mais contre le gré des Français], et d’autre part, la déportation de 9 000 Espagnols dans les camps de concentration nazis (Mauthausen en Autriche, Flossenbürg en Allemagne).

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le 31 mars 2025

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