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La mégalomanie au service d'un message bien plus grand

Balayons déjà les quelques critiques qui ont décroché au bout de dix minutes et qui se plaignent de n'avoir rien compris, alors que franchement c'est pas sorcier, tout est clair, les liens entre les personnages sont parfaitement définis, tout est traité de manière extrêmement classique dans le déroulé du scénario. C'est du niveau d'une fable, d'un conte avec les gentils d'un côté et les méchants si je simplifie au maximum et puis il y en a quelques un au milieu. Ouah, ça demande un effort considérable et rendez-vous compte le film part dans un bad-trip pendant 10 minutes où le personnage de César commence à halluciner lors d'une soirée au Colisée, 10 min sur 2h20...En effet c'est insoutenable...Des gros plans sur l'acteur, en bleu et rouge, vous imaginez, en plus Adam Driver est moche...Bref blague à part, j'ai trouvé le film très plaisant. Alors oui on pourra dire que les effets numériques sont dépassés, que c'est trop cher pour ce que c'est mais j'ai trouvé que l'esthétique du film rattrapait le côté limité de la technique. Il y a dans ce film de très belle trouvailles visuelles, des plans tout simplement somptueux et inédits même s'il on déplorera quelques choix douteux due au tournage chaotique.

Au niveau du scénario, j'ai trouvé les personnages très bien interprété, on est dans un surjeu permanent (fait exprès) pour certains mais qui apporte un charme indéniable et le cast est parfaitement pensé.

Shia Laboeuf s'éclate comme jamais, Esposito est impeccable dans son rôle de maire en déclin, et puis le scénario qui apparemment a été pensé, repensé 300 fois est tout a fait digeste, cohérent. Les messages sont claires, même si on peut les interpréter de différentes manières, soit du niveau du créateur ou de la société en général. C'est la classique confrontation entre le vieux monde et le nouveau, le regard de Coppola sur son oeuvre et sur le monde en général, quelques leçon à en tirer et bien sûr le travail créatif autour du film, ce vieil homme qui refuse de vieillir, éternel ado, qui veut garder un regard neuf sur les choses, qui questionne, qui provoque. A ce propos, le film mériterait un second visionnage pour en extraire toutes les thématiques abordées, sur le déclin, le deuil, la culpabilité, le temps, l'art, le mouvement, (verticalité et horizontalité). Des thématiques fortes, variées, qui se rejoingnent, se regroupent et que l'on a pas fini d'analyser.

Mais que j'ai le plus aimé de ce film, c'est sa radicalité, son jusqu'au boutisme, entre le jeux des acteurs exacerbé comme au théâtre, voire au carnaval bariolé, j'adore d'ailleurs ce contraste (une des grosses thématiques du film) entre la cité antique en même temps ultra moderne et futuriste et ce côté carnaval, foutraque, qui marque à la fois la débauche mais en même temps un esprit révolutionnaire, destructeur (pour mieux créer) qui traduit d'un esprit encore vif, fougueux, pour un vieux réalisateur de 85 ans, il faut quand même le faire. Et cette fougue, elle se ressent à chaque instant, ces moments d'égarement, de show parodique (référence évidente à Taylor Swift) et la menace apocalyptique qui pèse sur une partie du film qui aurait pu se finir là dessus d'ailleurs, et surtout dans le dernier quart du film, où toutes les intrigues, sous-intrigues se résolvent d'un coup de fléchettes et de gros plan sur un bébé un peu kitch, pour bien appuyer le message. Fallait oser et c'est génial. Ce contraste qui est d'ailleurs parfaitement contrebalancé avec la surutilisation de la couleur dorée, couleur du faste, de la noblesse, de la fête, de l'argent et de la joie. A cela s'ajoute quelques leitmotiv propre à Coppola comme le traitement d'une présence fantomatique qui hante le personnage principal (Twixt) et l'empêche d'avancer, de vivre.

J'ai par contre peu aimé (ou compris) le fait de donner autant de pouvoir à César, à la fois ce don de créateur ultime qui a donné vie à une matière malléable à souhait, le Mégalon (ça ok) et également cette capacité à arrêter le temps à sa guise...même si le temps et le mouvement est au cœur du film, je trouve que cela rend le personnage quasi divin et cela me gène, notamment si l'on se dit que César = Coppola. Là ça vire dans le l'égo-tripe un peu lourdingue même si le "dieu vivant" n'est pas infaillible, heureusement.

Il y a donc indéniablement un côté brouillon au film ainsi qu'expérimental qui pourra parfois entacher le visionnage, mais il faut aussi apprendre à s'ouvrir à quelques choses de nouveaux, de différent, d'unique oserais-je le mot.. (qui peut aussi parfois paraître totalement en retard ou dépassé, suranné, je le concède) mais ça a fonctionné sur moi et encore une fois le film est très facile à suivre si on a quelques neurones encore fonctionnels.

uther
7
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le 14 mars 2025

Modifiée

le 14 mars 2025

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uther

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