Melancholia est peut-être le premier film catastrophe qui ne soit pas un blockbuster outrancier ou une fable post-apocalyptique. Car si la filmographie de Lars von Trier laissait à penser que son interprétation du genre verserait plus dans l'allégorie, il aborde au final le genre de la façon la plus palpable qui soit.
Certes, il faut d'abord subir une première partie décousue, maladroite et dont les enjeux et les situations semblent se répéter, dés les premières minutes, de façon cyclique. Justine est mélancolique, son entourage est destructeur, sa sœur Claire oscille entre la force et la fragilité, son mari John est une sorte de parodie anachronique d'aristocrate, complètement grotesque. Une pointe de fantastique vient distendre une réalité qui semble déjà s'évaporer en permanence.
Si l'exercice est maîtrisé, le tout manque cruellement de subtilité. Les influences picturales romantiques, constamment exhibées par le réalisateur, ne se retrouvent pas vraiment dans la direction artistique du film, dont le côté pompeux et ostentatoire évoque une mauvaise pub pour parfum. Quant à l'absence totale de cohérence entre cette première partie, redondante, et une deuxième qui aurait eu plus d'intérêt à constituer le cœur de cet exercice filmique autour du genre catastrophe, elle brise le rythme et sape tous les enjeux dramatiques. Restent des qualités d'interprétation et cette science délicate du fantastique en tant que genre. Mais diluées dans la trop grande fragilité du projet.