Metropolis
8.1
Metropolis

Film de Fritz Lang (1927)

Traverser un siècle en étant toujours considéré un chef d’œuvre, serait-ce ça accéder à l’éternité ?


Qu’évoquer en premier lieu ? Bien sûr, ces décors géniaux (la ville et son envers), ces gratte-ciels aux lignes coupées par celles des accès routiers au milieu desquels grouillent les véhicules futuristes, ces lumières mouvantes de la nuit qui ne dort jamais, sa fête folle et vertigineuse parmi les marches de l’abondance et du plaisir ; et dans l’inframonde, cette machine pyramidale, ses pistons parfaitement huilés, ses fumées montantes, sa gueule où s’achèvent les sacrifiés sur l’autel de la production, cette symphonie tayloriste des corps aliénés, sombres et anonymes spectres bougeant machinalement.


Et entre les deux, les deux figures christiques, faites pour communier et inaugurer un nouvel ordre, plus juste : elle, prodiguant la paix au milieu des catacombes parmi les ouvriers esclaves, et lui, daignant descendre dans les abîmes, revêtant symboliquement les attributs de l’Autre, le libérant ainsi du joug de son labeur, invoquant le Tout-Puissant pour lui transmettre les injustices de sa création qu’il lui faut corriger.


Enfin, rival démiurge du Tout-Puissant maître de la Metropolis siégeant au sommet de la tour babélienne, voulant l’égaler si ce n’est le détruire, le scientifique fou dont l’Envie le conduit à détourner la Création à ses propres fins.


Dystopie, fable apocalyptique, bible moderne, Lang, lui aussi Grand Créateur, invente grâce à des fulgurances, des éclairs de génie qui traversent le film, un monde guère rassurant menacé par le cataclysme en guise d’avertissement prophétique.

Marlon_B
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le 18 mai 2022

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Marlon_B

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