Joli succès public et critique pour ce film signé Alan Parker, qui relate un sordide fait divers survenu dans le sud des Etats-Unis dans les années 60, impliquant des membres du tristement célèbre Ku Klux Klan dans les meurtres de militants pour les droits civiques.


Comme à son habitude, le cinéaste n'y va pas avec le dos de la cuillère pour étayer son propos, frôlant plus d'une fois un certain manichéisme et n'évitant pas quelques facilités. Bien heureusement, ses quelques défauts n'entachent pas trop un long-métrage bénéficiant d'un sujet assez fort pour compenser ses failles.


Tout le long de son film, Alan Parker parvient à instaurer une ambiance pesante, à restituer la moiteur du sud et surtout, le sentiment d'insécurité et la tension qui régnait à l'époque, comme si tous ces personnages étaient assis sur un baril de poudre près à exploser à tout moment. La mise en scène soignée du metteur en scène, couplée à la partition étouffante de Trevor Jones, donnent ainsi lieu à une véritable atmosphère nauséabonde et suffocante.


Plus que l'intrigue, finalement sans grande surprise, ce sont avant tout les échanges entre les deux protagonistes principaux qui font la réussite de Mississippi Burning et permettent aux spectateurs de réfléchir à un problème aussi complexe. Bien que visant les mêmes objectifs, travaillant pour la même cause et les mêmes idéaux, les agents superbement incarnés par Gene Hackman et Willem Dafoe n'ont pas le même vécu, les mêmes méthodes, et donc une vision opposée en bien des points. Cela permet un équilibre, un certain recul, là où les seconds rôles, pourtant joués par un casting impeccable, ressemblent un peu trop à des clichés ambulants.


Manifeste vénère contre la connerie humaine, Mississippi Burning manque singulièrement de subtilité mais a au moins le mérite d'exister et d'ouvrir le débat, surtout à une époque comme la nôtre où les préjugés et le racisme reviennent en force, évitant de plus l'aspect scolaire et bien-pensant dans lequel le genre est depuis tombé.

Gand-Alf
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Eh ! Mais c'est pas machin ?, Orion Pictures. et Instant cinéma 2015.

Créée

le 16 juin 2015

Critique lue 1.6K fois

25 j'aime

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 1.6K fois

25

D'autres avis sur Mississippi Burning

Mississippi Burning
Anomaly
8

Au cœur de la tourmente.

Mississippi Burning, nous remet en mémoire la sombre époque, pas si lointaine, où la ségrégation américaine faisait rage. Inspiré de la tragique histoire de trois jeunes gens disparus en 1964 dans...

le 19 mai 2016

65 j'aime

10

Mississippi Burning
socrate
9

Une face cachée du rêve américain

Dès la première image, on comprend le sujet du film, la ségrégation : on se trouve face à deux lavabos différents, un lavabo pour les blancs, moderne, un plus traditionnel pour les "colored", à...

le 17 juin 2011

60 j'aime

15

Mississippi Burning
Eren
8

Search for truth

Deux agents du FBI complémentaires, l'un pour l'autre. Une affaire étouffée par la communauté locale. Willem Dafoe a de l'énergie à revendre. Quant à Gene Hackman il parvient, comme d'habitude, à...

Par

le 17 févr. 2014

33 j'aime

6

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

268 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

208 j'aime

20