Parce que j'ai 6 ans.
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le 27 juin 2011
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Mon voisin Totoro fait partie des œuvres les plus légères de Miyazaki. Le fantastique s’invite discrètement dans le quotidien de deux fillettes, Satsuki (11 ans) et Mei (4 ans), absorbées par les gestes simples de l’enfance : un emménagement, des jeux, l’école.
Une œuvre légère, donc, mais non sans gravité. L’ombre de la maladie de leur mère hospitalisée plane doucement sur l’histoire, sans jamais l’entraîner vers le drame.
Le fantastique surgit d’abord avec les boules de suie, petites créatures sombres mais joueuses, visibles seulement des enfants aux yeux grands ouverts. Loin de les effrayer, elles éveillent leur curiosité. Elles semblent habiter la maison comme des souvenirs enfouis, des présences du passé pas tout à fait dissipées.
Il se manifeste ensuite avec Totoro, cet esprit géant caché au bout d’un tunnel végétal. Il évoque une peluche vivante, massive et rassurante, sur laquelle on aimerait, comme Mei, se poser pour oublier ses soucis dans un abandon confiant.
Les séquences centrées sur ce personnage sont d’une grande profondeur sous des dehors de simplicité. Je pense notamment à une double scène inoubliable : d’abord, celle où les deux sœurs attendent leur père sous une pluie battante. Totoro apparaît, soudainement, simplement, comme quelqu’un qui a toujours été là. Un geste d’échange a lieu : Satsuki lui tend un parapluie, Totoro lui offre des graines de vie. Aucun mot n’est prononcé. Tout passe par la présence, les regards, le silence. Puis vient cette scène nocturne où les filles dansent avec Totoro pour faire pousser les graines : une merveille de poésie et d’espérance en la vie qui germe.
Le fantastique, c’est aussi le chat-bus, hybride surréaliste, à la fois moyen de transport et animal moelleux. On aimerait s’y blottir comme sur un coussin chaud. Lui aussi perçoit ce que les adultes ne voient pas : il retrouve Mei, disparue. Sa manière de répondre à l’appel de l’autre tient d’une intelligence silencieuse, instinctive, presque sacrée.
Mais l’ordinaire compte tout autant que le merveilleux. C’est le jeune Kanta qui l’incarne. Il ne voit pas les esprits, il ne fait pas partie de ce monde invisible. Et pourtant, il n’est pas extérieur à l’histoire. Présence discrète mais fidèle, il veille sur les deux filles. Il parle peu, mais ses gestes sont toujours justes, attentifs, ajustés.
Ce récit, porté par un paysage bucolique et une narration contemplative, laisse une empreinte durable. Le silence y a une place essentielle. C’est un film réconfortant, à la fois paisible et profond, qui continue de résonner bien après la dernière image.
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Créée
le 7 juil. 2025
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