Que l'on aime ou pas Nicolas Bedos, qui a hérité autant du talent que de la gouaille jouissivement gueularde de son paternel, n'en est pas moins un auteur talentueux, dont la verve ne peut pleinement laisser indifférent son auditoire.
L'idée que le bonhomme, après quelques rôles plus ou moins remarquables, décide de sauter le pas en mettant en scène son premier long-métrage, avec l'aide de sa compagne, la pétillante Doria Tillier au scénario; avait tout du petit évènement dans les salles obscures hexagonales, alors que la course aux statuettes dorées vient tout juste de se clore - et que la Croisette Cannoise va bientôt débuter son jeu de séduction.


Dramédie façon romance étalée sur plusieurs décennies (45 ans pour être plus précis), Monsieur et Madame Adelman suit l'histoire rocambolesque de Sarah et Victor, un couple à la longévité extraordinaire, qui a vécu près d'un demi-siècle ensemble, pour le meilleur et (souvent) pour le pire.
Infiniment personnel et fascinant, le film de Bedos fils est de ces premiers essais touchés par la grâce, dont la réussite naît dans la fougue et l'envie évidente de bien faire, d'un réalisateur en herbe se donnant corps et âme dans son projet.
Intelligent et sincère jusqu'au bout de la pellicule, le wannabe cinéaste déjoue les codes mielleux de la love-story conventionnelle pour conter l'histoire dans la grande histoire (Bedos questionne habilement son spectateur, sur ) d'un vrai couple, mué par les hauts et les bas d'une vie loin d'être rose, porté par un amour aussi dévastateur qu'il est sans bornes.


Avec un naturel confondant, le duo Bedos/Tillier - à l'alchimie renversante -, passe par toutes les émotions possibles (et nous fait également, passer par toutes les émotions possibles) pour mettre en perspective une fresque romanesque incroyablement empathique, traitant avec subtilité et sagesse, d'une pléthore de thèmes charnières (le temps qui passe et la vieillesse, la routine du quotidien, l'infidélité, la vie parentale, l’embourgeoisement, l'accomplissement personnel et professionnel, les regrets,...).


Drôle, émouvant, impertinent - tout comme son metteur en scène -, nostalgique et d'un enthousiasme rafraichissant, Monsieur et Madame Adelman est une réussite aussi surprenante qu'elle est inattendue.
Difficile désormais de ne pas admettre qu'il est difficile de ne pas attendre le prochain projet de Nicolas Bedos, avec un intérêt plus que certain.


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2017/03/critique-monsieur-et-madame-adelman.html

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le 10 mars 2017

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