Le super héros du romantisme
En voilà une histoire de super héros assez originale. Ça traite le genre avec autodérision, les personnages étant tous de véritables losers, mais en même temps les auteurs en ont conservé les codes. Mieux, en rapprochant le super héros de l'anti héros, ils y ont insufflé une certaine fraîcheur et surtout une authenticité humaine rarement atteinte jusque là. On ne traite plus du simple boutonneux qui veut épater la galerie, mais bien d'individus arrivés à l'âge adulte et qui tentent de poursuivre leurs rêves d'enfants. Ça c'est beau, et ça semble nettement plus profond que ce qui sort aujourd'hui.
Le scénario ne manque pas de faiblessses, c'est certain mais en même temps l'intérêt réside plus en ses personnages et dans les gags plutôt que dans une mécanique parfaite de la dramaturgie. On pardonne ainsi les facilités scénaristiques au profit de gags bien lancés (une VF honnête mais on sent que la VO doit être encore mieux!) et d'une profondeur innattendue.
La mise en scène tape à l'oeil en maintenant les codes du genre. Par moment les débullés et autres gros plans en contre plongée rappellent un certain Gilliam déjanté ou diverses productions de ce type des années 90 (Darkman, Batman). A noter toutefois certains effets de style ratés mais ils sont heureusement assez rare. Le film rappelle également Zoolander (on attend l'apparition d'Owen Wilson en vain). Les décors et les effets spéciaux sont kitschs à souhait et c'est ce qui les rend réussis malgré leur aspect désué et cheap. Le film fleure le studio à fond la caisse et les effets numériques sont vraiment d'un niveau technique bas par rapport à ce qui est possible aujourd'hui, En fait c'est parce que toutes ces tares sont réunies ensemble, ponctuées en plus d'une caméra (trop?) fofolle et d'acteurs (trop?) en roue libre, que ça fonctionne, un peu à l'instar de ces personnages qui sont tous des losers finis, mais qui trouvent LA force dans l'union.
En bref, un film honnête sur ce qu'est l'âge adulte et les crises existentielles que l'on peut rencontrer, sans pour autant oublier le cabotinage. Ça n'est pas sans rappeler les rêves inaccessibles des personnages dépeints par les romantiques au 18-19ème siècle. À voir pour ceux qui veulent rester jeune sans pour autant se leurrer. Ou tout simplement , de façon moins pompeuse, pour ceux qui veulent un divertissement efficace un peu prout caca.