Kelly Depeault a été choisie d'emblée, sans l'épreuve du casting, tellement sa réalisatrice, Geneviève Albert, avait la conviction immédiate qu'elle serait l'interprète idéale de Noémie dit oui, malgré la difficulté du rôle, inhérente à son sujet : la prostitution des mineures (l'âge moyen d'entrée dans le "métier" est de 15 ans, au Québec). La jeune actrice est effectivement époustouflante dans un film qui a dû se révéler éprouvant pour elle (quel contraste avec son enthousiasme presque enfantin lors de la présentation du long-métrage au Festival francophone d'Angoulême !). Il fallait bien une comédienne aussi inspirée et confiante dans sa cinéaste, pour une histoire très réaliste, avec cette adolescente délaissée par sa mère et "consentante" au sexe tarifé, pour l'amour d'un garçon, malgré son dégoût initial. Une comédienne remarquable mais aussi une mise en scène de grande qualité, y compris dans les moments les plus glauques, à l'opposé de l'érotisation malsaine que l'on constate assez souvent dans le traitement d'un tel sujet. A travers Noémie dit oui, la question d'un prétendu consentement, plus forcé que voulu, est posée avec une grande acuité. Le film est brillamment réalisé, ni pudibond ni voyeur, avec en contrechamp le Grand Prix de Formule 1 de Montréal, moment de défoulement caractérisé d'une certaine population masculine, sur et hors du circuit.