Il faut reconnaître que Notre-Dame brûle a été très mal vendu, avec une bande annonce qui laissait envisager une horreur. A titre personnel, je me suis raccroché au nom du réalisateur, véritable artisan du cinéma qui a su m’émerveiller et remplir des souvenirs d’enfance dans des films de grande aventure. Si cela faisait un moment que l’on avait perdu de vue Jean-Jacques Annaud, la catastrophe de Notre-Dame est assez marquante pour le revoir sur scène, non pas devant mais plutôt affairé à un travail astucieux d’un mélange réussi entre réalité et fiction.
Le réalisateur joue sur cette ambiguïté tantôt avec réussite tantôt avec ratage, la faute il est vrai à une tonalité parfois perturbante, qui devrait néanmoins plaire aux croyants. Le mysticisme est parti intégrante du film bien que secondaire dans le récit. L’amour du symbole que représente la Cathédrale de Paris dépasse les frontières et Jean-Jacques Annaud sait la rendre belle et envoutante sans en faire des tonnes. Je trouve que ce monument est une merveille et sans être croyant j’ai également vu avec drame et peine cet incendie malheureux. Forcément cela joue dans l’appréciation du film, car tout tourne autour de la Cathédrale, plongeant le spectateur et les protagonistes dans une bulle où l’émotion est aussi vive que les flammes.
Parfois la réalité dépasse la fiction, Notre-Dame brûle, film qui peut être vu comme opportuniste, est néanmoins passionnant à regarder dans le déroulé des évènements. Beaucoup de rebondissements auront de quoi énerver voire faire rire le spectateur tant cet accident pourrait être un exemple de ce qu’est la vie à Paris. J’y vois une critique intelligente de la part du réalisateur bien qu’un peu maladroite, caricaturale. Le film est dynamique et enchaîne les séquences parfois spectaculaires. La reconstitution de l’intervention des pompiers est incroyable, et sans en faire des tonnes, Jean-Jacques Annaud nous plonge dans une immersion réaliste, stressante, dans laquelle il nous prend à témoin de cet évènement historique. On se prend au jeu, et il paraît difficile de ne pas s’impliquer dans cette histoire quand le film s’emploie avec générosité à nous immerger.
Le choix de réalisation, dans une approche à la fois kitsch et documentaire, tranche avec la volonté du réalisateur de se faire plaisir. La musique et l’ambiance sonore accompagnent cette démarche dans un style grandiloquent. C’était plaisant car j’ai compris l’initiative du film, mais parfois le rendu est brouillon et à côté de la plaque. On a du mal à s’identifier à certains personnages qui semblent être là uniquement pour un devoir de mémoire et de témoignage.
Malgré certaines maladresses, Notre-Dame brûle est à mon sens un rendez-vous immanquable dans une restitution folle de cette catastrophe. C’est la démonstration que l’on n’a pas besoin de tout faire péter pour réaliser un bon film.
7/10