Je ne suis pas fan de Linklater, ni de l’idée de voir un Américain raconter une histoire qui n’est pas la sienne. Pourtant, Nouvelle Vague est un excellent film.
Il suit simplement le moment où JLG passe de critique aux Cahiers du Cinéma à réalisateur : la préparation, le tournage d’une vingtaine de jours, le montage, puis la première projection. Un récit clair, sans fioritures, qui retrace les étapes essentielles d’À bout de souffle.
Les acteurs sont très justes. Dans leurs gestes comme dans leurs mots, on retrouve avec amusement et ludisme les figures familières de l’époque. Les relations entre eux respirent une joie simple, presque adolescente, qui donne au film une vraie légèreté. Les dialogues, émaillés de réflexions, gardent cette spontanéité qu’on associe à la Nouvelle Vague. On s'amuse de la reconstitution. On retrouve les pensées, les réflexions typiques de la nouvelles vague, dépeintent avec justesse. Il y a un véritable plaisir à voir apparaître en caméo toutes ces figures du cinéma qui ont marqué leur époque : Melville, Truffaut, Bresson, Rossellini, Varda, Demy. Détail intéressant : on voit Rossellini invité à un pot aux Cahiers du Cinéma, et Linklater le fait quitter la scène en emportant plein de petits amuse-bouches du buffet. Il n’est pas question de figures immaculées ayant marqué l’histoire, mais de simples personnes qui n’oublient pas de se goinfrer dès qu’il y a un buffet.
Au fond, c’est un portrait très juste de Godard : son goût du réel, de l’instantané, des citations et du collage. C’était ça, Godard — un assemblage d’influences et d’idées. On le voit placer des magazines dans le décor, demander à Belmondo de citer Bogart, comme un gamin qui joue sérieusement au cinéma, se moquer conventions classiques du cinéma sans arrogance, mais poussé par cette envie de faire des plans, de faire du cinéma.
Le film évite la reconstitution figée comme la citation forcée. Linklater fait preuve de retenue : pas de drame inutile, pas de déification. JLG, voix pincée, lunettes noires, est ce drôle d’oiseau qui tourne son film modestement, en petite équipe, simplement poussé par l’envie de faire du cinéma. On est loin de la caricature prétentieuse d’Hazanavicius.
La mise en scène, sobre et précise, profite d’un beau noir et blanc granuleux. Linklater se limite au format 1,37, aux plans épaule, aux cadrages simples. Il reprend les outils de l’époque sans chercher à copier le style Nouvelle Vague.
Plutôt que de mythifier une époque ou un homme, le film montre, avec légèreté et bonne humeur, une bande d’amis portée par le désir sincère de faire un film sincère, spontané et libre.