Malaise d'entrée en découvrant cette intro faussement "nolanesque" avec le flic génial qui fonce tout seul sur le toit où se trouve potentiellement le suspect qui nécessitait l'intervention d'un commando. Et avant de retirer sa cagoule, ne parvenant pas à le trouver, car l'élite sait que ceux que tu ne vois pas, ils ne peuvent bien entendu pas te voir. Premiers soupirs d'une longue série.
Les personnages sont des silhouettes, sans existence préalable, sans caractérisation, sans aspérités, on les survole honteusement tout en les forçant à dialoguer en abusant d'onomatopées, heuuu, pour leur donner, heuuu, un air faussement, heuuu, dans le réel. Mais c'est too much, punaise. Les témoignages de victimes et l'impact qu'ils pourraient avoir sur les enquêteurs, mouais, non. On perçoit plutôt le cast bankable qui passe en coup de vent pour échanger une ligne avec des figurants persuadés d'avoir atterri sur le set du Jour où tout a basculé. Sur la question des freins matériels ou politiques, des difficultés rencontrées par la police pour parvenir à bien faire son travail ? Chut, ça n'existe pas ça. Visiblement la police française en 2015 c'était Boston Dynamics. Avec d'énormes drones qui clignotent de toutes les couleurs, en rouge, en vert, en blanc, afin d'enquêter discrètement une fois la nuit tombée. Impressionnants, les flics. Comme en filature, talkie à la bouche dix mètres derrière la tire qu'ils doivent suivre. De toute façon c'est un film, et dans les marges du script il était clairement précisé que les djihadistes avaient tous une particularité à l'époque, ils étaient myopes.
Festival de l'esthétisme inutile et surtout injustifié jusqu'à l'overdose, c'est l'incohérence à tous les étages. Le film semble presque ralentir à contrecoeur pour laisser parler ses personnages. Les interrogatoires étant pourtant les séquences les plus justes, en tous cas les moins mal interprétées ou mises en scène. Enfin.. disons qu'elles ont surtout le mérite de calmer celui qui dirige, quand il faut poser un champ contre champ, il pose un champ contre champ et ne cherche plus le clipesque. Quand le filmeur s'efface, le film commence à apparaître.
Mais au final une question se pose : à quoi ça sert? Je cite Télé Loisirs (soyons fous) : "Ceux qui ont suivi l'affaire à la télévision ne découvriront pas grand chose". Le voilà le drame, tout le monde (ou presque) a suivi l'affaire à la télévision. J'ai le sentiment d'avoir regardé un film sans nécessité, sans utilité et pire sans regard, sans aucune sensibilité. Je peux respecter l'abus de simplisme lorsque je regarde un film d'action conscient de sa propre nature, c'est la convention, show must go on. Mais s'emparer d'un tel sujet historique, important, pour en faire un prétexte à l'exercice de style, c'est à mes yeux ce qui nourrit le véritable drame qu'est Novembre. Facepalm d'Or.