le 28 mai 2024
Vous connaissez ma femme ?...
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Je trouve que "Oh, Canada" se retrouve tiraillé entre des intentions nobles (montrer un documentariste de renom au soir de sa vie revenir sur son passé afin de réaliser une sorte d'examen de conscience) et un dispositif de mise en scène affreusement lourd (que ce soit du côté de la mise en abîme avec le film dans le film ou du côté de la prétention fétichiste de l'emballage qu'on nous sert en réalisation). On n'est absolument pas surpris que Paul Schrader aborde la thématique de la rédemption et de la charge morale, ce n'est pas comme si absolument toute son œuvre de réalisateur ou de scénariste était obnubilée par la même chsoe. En revanche, si ses trois derniers films (Sur le chemin de la rédemption / The Card Counter / Master Gardener) ne brillaient pas par leur dimension incroyablement novatrice, ils travaillent un même matériau dans un sens intéressant de la répétition et constituaient des films tout simplement agréables à regarder.
Ici, le visionnage se révèle avant tout pénible. La pénibilité de cette mise en scène précieuse, confondant expérience de cinéaste chevronné et enveloppe putassière (que ce soit dans le registre de la gravité, avec Richard Gere pris face caméra, ou dans celui de la marche funèbre, avec Richard Gere qui n'en finit pas dans son dernier souffle). La pénibilité de ce surlignage constant des facultés défaillantes de son protagoniste, qui n'arrête pas de demander où est sa femme et Uma Thurman de répondre inlassablement qu'elle est là juste à côté. Quand on voit comment Schrader parvient à figurer de manière très suggestive le chaos qui règne dans les souvenirs désorganisés de son personnage, confondant de temps en temps les époques et les femmes, tout en se figeant de manière très précise sur des éléments à d'autres moments, on sait pertinemment qu'il aurait été possible de figurer la chose différemment.
Pas du tout accroché au format de confession non plus, avec la caméra comme confesseur d'ailleur Gere prend la parole d'emblée sans respecter l'orientation de celui qui est censé filmer, et ça restera comme ça grosso modo jusqu'à la fin, avec quelques pauses pipi. Avec en prime la soumission de son épouse dans ce projet de confession imposée... Pourtant je ne suis pas loin de trouver la trame sous-jacente passionnante, que ce soit sur l'évocation de l'état fébrile au seuil de la mort ou de tout ce qui tient aux réputations mensongères. Schrader en adaptant Russell Banks avait du contenu, en montrant le poids de la culpabilité confronté à cette icône progressiste dont l'histoire publique repose sur un tissu de mensonges. Mais pour illustrer, il faudra se contenter de bien peu de choses, des histoires d'adultère et d'homosexualité feinte pour échapper à la conscription, une métaphore du franchissement de frontières (la vie / la mort, le Canada / les États-Unis, la vérité / le mensonge, la liberté / la contrainte), en résumé. Et aussi, in fine, un regard sur un souhait qui ne sera pas réalisé, celui d'accéder enfin à la vérité de son existence, projet qui échouera à cause du mille feuilles de constructions mensongères que son cerveau vieillissant n'arrive plus à ordonner. Un espoir d'absolution déçu.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Réalisateurs de choix - Paul Schrader, Avis bruts ébruités, Top films 2024 et Cinéphilie obsessionnelle — 2025
Créée
le 18 nov. 2025
Critique lue 7 fois
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