La Bête Humaine

Touchant et militant, Okja illustre parfaitement l'idée que l'homme peut être à la fois bon de nature et corrompu par la société.
La mise en scène, la richesse de l'image mettent en relief la beauté des montagnes coréennes, un univers paisible, solaire et nostalgique dans lequel la jeune fille, douce, est en communion avec la nature et l'attachant Okja. Cette atmosphère, harmonieuse, est accentuée par les lumières, la musique qui donnent force à cet ascenseur émotionnel. Cependant cela discorde avec la très nette opposition de la vie en société. Premièrement perçue par la rupture entre la nature et l'urbain, la lumière et les plans prouvent la difficulté de la séparation de l'enfant et de son a(ni)mi. L'urbanisation développe l'ambition (la violence) des villes-mégapoles toujours plus modernes et lucratives. Mais combien coûte le progrès ? À quel prix parfaire sa place dans la mondialisation ?
L'auteur souligne l'importance de l'image en société : Les relations humaines y sont intéressées, l'autre n'est qu'un moyen pour parvenir à sa fin.

La réflexion est riche au sujet de notre façon de penser le mimétisme, la corruption, l'image en société, le rôle des médias mais également notre façon de consommer, de l'hyper consommation, des multinationales à l'élevage intensif.
Cela permet de penser à l'impact de la société sur l'homme, aliéné, soumis à des désirs insatiables. Cela tend vers une réflexion sur la considération animale à travers la représentation des abattoirs tels des camps de concentration
: Cette image est forte puisqu'elle
nous rappelle que la bestialité, la monstruosité et la cruauté humaine peuvent être ordinaires, banalisées dans une société attirée par le profit. La valeur de la vie animale semble ici amoindrie, réduite à une somme d'argent, à un simple lingot d'or. C'est une critique toujours plus actuelle. Selon moi, la force du film repose sur la visée politique et l'émotion transmises grâce à des acteurs convaincants.
Si les propos sont plutôt caricaturaux d'une lutte contre "de méchants capitalistes.", le film nous invite à repenser la cruauté ordinaire et notre mode de vie à travers un regard enfantin.

Ce film m'a pris aux tripes, entre l'émotion et le dégoût face à différentes sortes d'"humain".