le 25 avr. 2017
Jeeg in my pants
Banlieue Romaine, de nos jours, Enzo traine sur son sofa. L'appartement est merdique, le papier peint élimé, les meubles tiennent à peine debout. Lui, on le retrouve affalé comme une baleine échouée,...
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J'ai fait 30 minutes de voiture pour voir ce film. C'est fou, c'est pas tout petit Strasbourg... Mais non, il ne passait qu'au ciné d'une petite ville à 30 bornes de là, Dorlisheim. Donc bon, je prends la voiture, et je vais voir On L'Appelle Jeeg Robot.
Ce film raconte l'histoire d'Enzo, un petit délinquant, la trentaine bien tassée, un charisme pas franchement transcendant et un physique à la Patrick Timsit, qui vit dans un appart insalubre et s'occupe en mangeant des crèmes à la vanille en fumant et matant des boulards (oui il y a un plan comme ça, et il me fait beaucoup rire), qui va entrer en contact avec une substance radioactive qui va lui donner des sortes de super pouvoirs. Il va s'en servir pour faire d'autres délits, récupérant du blé au passage, mais sera confronté à d'autres enjeux qui vont le changer en profondeur.
Il y aura quelques spoilers dans la suite. You have been warned (la fin de la zone spoil est indiquée plus bas).
L'esthétique du film emprunte pas mal à la pop culture. Rien que le titre fait référence à cet anime qui est plus vieux que moi, et globalement il y a beaucoup de petits clins d'oeil sympa, à la fois aux manga mais aussi plus globalement au monde du cinéma. On ne peut s'empêcher de trouver quelques tentatives d'humour à la Tarantino - chose compréhensive tant il a marqué le cinéma d'action. Mais que l'affiche ne vous trompe point. Certes au premier regard, on pourrait croire à une photographie ultra esthétisée à la Sin City, mais malheureusement le film est beaucoup plus impersonnel que ça, tout en gardant néanmoins des lumières assez jolies.
On ne peut non plus s'empêcher de penser à Kick Ass, avec ce côté bien plus cru que ne le sont la plupart des Marvel, ou à Dead Pool, avec lequel il partage néanmoins une structure ultra codifiée. Enzo est un personnage qui fait des mauvais choix, puis va trouver l'amour, et connaitre de véritables tragédies qui vont le mener sur le chemin de la rédemption. Rien de bien original sous l'soleil.
Quelques grosses ficelles charpentent le tout. Par exemple, le titre du film parle de Jeeg Robot ; la fille d'une connaissance d'Enzo regarde cet anime ; on en conclut donc qu'ils vont être en lien étroit, et que donc le père va se faire tuer rapidement afin de donner une raison scénaristique au fait qu'Enzo la recueille. Bingo. Bien sûr, ils vont tomber amoureux, la nana va servir d'appât, devoir la sauver va faire comprendre à Enzo qu'il peut accomplir autre chose avec ses pouvoirs... Bref on comprend le gros de l'intrigue en dix minutes de pellicule.
Le film réussit tout de même à réserver quelques surprises, mais sans jamais nous retourner le cerveau.
Surtout, il pèche par un gros problème de rythme. La scène d'exposition du personnage principal dure des plombes, le développement du lien entre Enzo et Alessia s'étale sur plus d'une heure et demie, et au final... Il faudra attendre les dernières quarante minutes pour que les personnages aient véritablement un enjeu. En attendant, ils font du shopping, vont à la fête foraine et mangent de la crème à la vanille, tout ça étant financé par les billets d'un distributeur qu'Enzo a ramené chez lui grâce à sa force décuplée.
Pendant ce temps, Fabio, un petit chef de gang narcissique et cruel qui cherche à commettre de gros braquages pour entrer dans la cour des grands, a entendu parler d'un homme surpuissant et cherche à connaitre la source de ses pouvoirs. En parallèle, une grosse transaction avec des mafieux napolitains ne se passe pas comme prévu et il doit trouver de l'argent rapidement.
Et je considère ce personnage comme le principal de l'histoire. Mieux développé, il connait plus de rebondissements, il a plus de personnalité, et même au niveau du design, il est bien plus charismatique.
Le problème du film tient donc du fait que son protagoniste principal est inintéressant. Ce n'est même pas celui que l'on remarque le plus sur l'affiche, mais bien Fabio ! De même, Alessia est un personnage bien plus profond, et le film balance une ou deux pistes concernant son traumatisme, comme ça, entre la poire et le fromage, alors qu'il aurait énormément gagné en épaisseur et en richesse si cela avait été correctement développé.
Tout le film tourne véritablement autour de Fabio, qui traverse plus de choses, est mieux joué (difficile de faire plus impersonnel et inexpressif que l'acteur principal...), mieux développé, a tellement plus d'enjeux, plus de classe, etc.
On relèvera aussi quelques incohérences et décisions débiles. Pourquoi mettre le timer de la bombe à 5:00 tout en sachant que Jeeg Robot qui est 30m derrière aura le temps de se débarrasser de la bombe dans un endroit où elle ne fera pas le moindre dégât ? Pourquoi ne pas l'avoir mis sur 1:00 ? Ça aurait été suffisant pour s'enfuir tout en empêchant tout désamorçage.
Pourquoi le liquide radioactif fait effet sur Fabio en quelques heures, alors que sur Enzo, ça a mis plus de deux jours ? Et d'ailleurs c'est quoi ce liquide ?
Et surtout... Pourquoi des supers pouvoirs ? Tout le film reste le même si on les retire. Pas besoin de force herculéenne pour qu'Enzo survive à une balle (bon, on va retirer la chute de 9 étages, certes), commette un braquage, vole de la thune, emmène une nana s'acheter une robe, essaye de la sauver, et se débarrasse d'une bombe. Pas besoin de pouvoirs pour que Fabio pose ladite bombe après s'être vengé des napolitains en revenant armé jusqu'aux dents et en dézingant les 7 ou 8 gugusses qui chillaient dans l'appart. Seulement deux d'entre eux étaient équipés de flingues, tu vas pas me dire que la mamie qui lui jette son fer à repasser à la tronche représentait une menace de mort imminente que seul un pouvoir de guérison aurait pu déjouer... En arrivant dans le tas avec une bonne mitraillette, ça passait...
** FIN DES SPOILERS **
Jeeg Robot n'est malheureusement pas la perle-ovni que j'espérais. Problème de rythme, de développement du personnage, quelques grosses ficelles et clichés... Mais néanmoins je ne peux pas le descendre comme un témoin gênant sur le parking arrière d'une épicerie de banlieue romaine. On sent un véritable amour du cinéma et de la pop culture dans ses références et ses clins d’œil. Et franchement, faut le reconnaitre, c'est pas à vomir non plus. Je veux dire, les Marvel ont fait cent fois pires. Il s'en tire pas mal. Il ne redéfinit rien, ne révolutionne rien et à une trame narrative ultra classique, mais il reste correct. Voilà, je pense que c'est le mot. Correct.
Je ne pense pas du tout qu'il ait été fait en pilotage automatique, pour surfer sur le succès de Dead Pool. Et de toute façon, il est sorti bien trop tôt après ce dernier pour ça. Ni même sur le succès de Kick Ass qui présente des thématiques bien différentes. Non, je pense qu'il a été fait, de manière un peu bancale, par amour du genre. Et des films comme ça, bien que pas nécessairement exemplaires, me touchent et m'attendrissent.
Alors, oui, il peut être à tester. Si on se met en mode robot, et que Marvel ou DC nous gavent un peu. Si l'on veut un film qui est moins lissé, moins consensuel, moins aseptisé. Un film avec un grand capital sympathie, qui parle de super héros avec une cagoule en laine de Mecarobot japonais.
Un petit morceau de cinéma qui aime le cinéma.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Flop 5 de 2017
Créée
le 14 mai 2017
Critique lue 291 fois
le 25 avr. 2017
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