le 15 août 2019
What's the point ?
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Le 8 août 1969, trois semaines après que Neill Armstrong ait posé le pied sur la Lune, l'actrice Sharon Tate, épouse de Roman Polanski et enceinte de huit mois, et quatre de ses amis sont sauvagement assassinés à son domicile par trois membres de la secte de Charles Manson. Ce dernier avait persuadé les membres de son groupe qu'il était une réincarnation de Jésus, et que les meurtres allaient déclencher une guerre raciale apocalyptique surnommée le "Helter Skelter", et ce dans le but de permettre à Charles Manson d'écrire un album de chansons mythiques.
Cinquante ans plus tard, Quentin Tarantino revisite ces événements tragiques à sa sauce "révisionnisme positif", un peu à la manière de Inglourious Basterds.
Tarantino, un réalisateur optimiste ?
On ne présente plus le réalisateur américain qui s'est fait connaître grâce à la violence explosive de ses oeuvres, à la narration découpée et non-linéaire de ses récits, à la construction si particulière du suspense, et aux références multiples à la pop-culture.
Si le personnage est volontairement provocateur (cf les polémiques sur la violence et l'utilisation du terme "nigger"), il n'en reste pas moins que l'homme essaie toujours de faire triompher sa vision du bien à la fin de ses films. Il le fait bien évidemment à sa manière, et le plus souvent dans un bain de sang, mais c'est un fait : les films de Tarantino finissent bien. Ainsi, Beatrix Kiddo parvient à assouvir sa vengeance contre son cruel ex à la fin de Kill Bill, Jackie Brown parvient à s'émanciper des autres malfrats, Django se venge des odieux esclavagistes, Hitler est tué par les Basterds en 1944.
On peut y voir quelque part un éternel enfant qui souhaite refaire le monde à sa manière, et dans Once Upon a Time, il s'attaque au meurtre de Sharon Tate qui bouleverse encore les esprits aujourd'hui. C'est une entreprise bien évidemment très casse-gueule, car s'attaquer à une histoire aussi tragique et aussi récente avec l'esprit pop et divertissant de Tarantino, c'est prendre le risque de tomber dans le mauvais goût ou l'indécence à tout instant.
De ce côté-là, on peut être rassurés, Tarantino revisite l'histoire pour s'abriter de ce piège :
les héros tuent les meurtriers de manière exubérante et créative, et dans la dernière scène, le personnage de DiCaprio s'invite dans la maison de Sharon Tate lors d'une scène étonnamment tendre de la part du réalisateur, laissant imaginer un avenir alternatif et radieux aux différents personnages.
La seule polémique créée autour du film est finalement assez triviale, et tourne autour de l'image de Bruce Lee, lequel n'est qu'un personnage tertiaire apparaissant dans une seule scène.
Tarantino se fiche de vos attentes
Mettons rapidement de côté les critères objectifs et froids. Tarantino en est à son neuvième film, il maîtrise son métier et ça se voit : la reconstitution du L.A. des années 60 est un sans-fautes (des décors aux costumes en passant par les voitures), la direction d'acteurs relève du génie, la musique s'intègre parfaitement au récit, sa connaissance de l'histoire du cinéma est tellement encyclopédique que je ne me risquerai pas à la juger.
Concentrons-nous plutôt sur la relation que j'ai eu avec le film. En tant qu'auteur moi-même, il est des piliers que je considère indispensables à toute bonne histoire : une thèse/morale à défendre, un univers et des péripéties cohérentes, des personnages suffisamment forts pour faire vivre cet univers en question. Si les deux derniers points sont cochés par Tarantino, ce n'est pas le cas du premier. Qu'a-t-il voulu exprimer avec Once Upon a Time ? Quelle est sa thèse ?
Dans le film qui dure presque trois heures, le réalisateur juxtapose de façon très réussie moultes saynètes mettant en scène d'innombrables personnages inspirés de personnalités historiques d'Hollywood, la plupart d'entre elles n'ayant presque aucun lien avec l'arc central du film. Mais d'ailleurs, quel est cet arc central ? Le deuil par Rick Dalton de sa glorieuse carrière d'acteur de western ? La dignité inébranlable du personnage de cascadeur/vétéran de Cliff Booth malgré les épreuves qui le frappent ? La candeur de Sharon Tate sauvée par le hasard des circonstances d'un sort qu'elle ne méritait pas ? Tout cela à la fois ? Aucun des trois ? Je ne saurais le dire.
Le long-métrage m'a désorienté. J'ai été incapable de le juger à l'aune des critères qui m'importent habituellement. Peut-être Tarantino a-t-il voulu seulement dresser le tableau truculent d'un âge d'or hollywoodien qui n'existe plus, où le succès des films était lié aux gueules patibulaires de ses stars et non à des franchises trans-médias toutes puissantes. Peut-être qu'il ne se soucie guère de défendre une thèse, mais juste d'évoquer la nostalgie qu'il ressent à l'aube de la fin de sa propre carrière cinématographique. Certainement qu'il n'en a cure de mon cahier des charges - qui est au passage complètement subjectif - et qu'il veut simplement savourer le privilège d'être un des derniers auteurs hollywoodiens indépendants. Moi, ça ne me suffit pas, car sans un ciment narratif liant le tout, j'ai trop souvent eu l'impression de voir des personnages random cabotiner au gré de scènes charmantes, mais avec trop peu de rapport entre elles.
Conclusion :
"Once Upon a Time in Hollywood représente à la fois tout le génie de Tarantino et ses limites. Le film n'est jamais plus que la somme des scènes qui le composent, alors que celles-ci devraient se compléter et entrer en résonance entre elles pour illustrer quelque chose de plus grand. L'homme a affirmé qu'il arrêterait de tourner après son dixième film. Peut-être a-t-il pressenti qu'il aura alors raconté tout ce qu'il avait à raconter, et qu'il ne souhaite pas devenir une caricature de son propre travail."
Créée
le 21 oct. 2019
Critique lue 174 fois
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