Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures par toutestneutral
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Début du film. Pas de musique, juste des sons. Ceux de la nature thaïlandaise, de la nuit, des bestioles qui grésillent, bourdonnent, pépient, cacardent, croucroutent, un plan sur un buffle, qui dure, qui dure, mais ce n'est pas désagréable. C'est même apaisant. Tout le reste du film sera caractérisé par ce calme, cette tranquillité, ce naturel.
Quand Oncle Boonmee reçoit la visite du fantôme de sa femme ou d'un singe aux yeux rouges (qui s'avère être son fils disparu), il n'a pas peur, les reçoit avec simplicité, leur offre un verre d'eau, leur fait part de ses inquiétudes à leur sujet ("manges-tu à ta faim ? as-tu de quoi te vêtir ?"), leur montre les albums de photos prises depuis leur départ. On tient là les meilleures scènes du films, chimériques mais paradoxalement ancrées dans le réel (ici les fantômes savent manipuler un dialyseur). Malheureusement, ces moments-là sont peu nombreux.
Car Oncle Boonmee, c'est surtout un délire mystique d'Apichatpong Weerasethakul (que j'appelerai Joe dans la suite de l'article pour des raisons évidentes), et quand dans le film, le réel disparaît au profit de représentations de rêves, de vies antérieures ou quoi que ce soit, il devient très difficile de le suivre dans son inspiration. Malgré sa maîtrise parfaite de la lumière et des décors qui font de ses images de splendides tableaux, Joe ne parvient pas à éviter l'ennui (le mien en tout cas). Chaque action, chaque mouvement est décomposé avec une lenteur infinie, et même les personnages semblent prendre plaisir à s'attarder sur chaque mot, d'un ton monocorde et soporeux.
Quelques belles scènes parviennent parfois à provoquer un réveil momentané (par exemple, celle qui précède le fameux épisode du poisson-chat) mais elles sont beaucoup trop rares pour ne pas laisser un profond sentiment d'ennui et d'incompréhension à des gros ploucs comme moi qui ne comprennent rien au cinéma (ceci est un sarcasme).
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