Avec Orange Mécanique on découvre le sens du mot "oser". Kubrick a pris des risques en nous proposant ces décors fous, de mauvais goûts, ces personnages à la violence gratuite sans concession, sans respect de la morale, cette liberté sexuelle et cette liberté d'action qui les anime.

Alex est à lui seul le joyau de l'œuvre du cinéaste ; sa relation de pouvoir avec ses subordonnés, son goût immodéré pour la musique de Beethoven... Il est ce personnage dégoutant et immoral que l'on parvient pourtant à apprécier ou en tous cas à estimer. Surtout lorsqu'il se retrouve intégré à un programme de cure des sujets ayant recours à la violence et ne pouvant maîtriser leurs pulsions (violentes et sexuelles).

Se dévoile alors un autre pan de lecture du film sur la violence psychologique de l'autorité morale qu'est l'État. On traite la violence comme une maladie, comme un virus que l'on peut éradiquer du corps du patient à coup de thérapie choc. Mais au final cela échoue car la violence n'est pas une maladie et les propos du prêtre sonnent comme un avertissement : la violence résulte d'un choix, du libre arbitre permis à l'homme (par une autorité divine ou non peu importe) et il n'est pas naturel ni sain de l'en priver. En résulte une critique de cet État à l'ingérence malhonnête (car le but est de gagner des voix électorales et non de créer une société meilleure) et non crédible car l'on constate que les autorités sont elles-mêmes gangrenées par des policiers avides de violences.

Cela pousse Orange Mécanique au statut de film visionnaire, pas seulement représentatif d'une époque passée et ce malgré le fait que le film ait mal vieilli et qu'il puisse repousser la nouvelle génération par son esthétique étrange et son langage qui ne l'est pas moins.

Film visionnaire donc... film culte !

ngc111
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le 23 janv. 2011

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