1963. Le réalisateur Herschell Gordon Lewis et son ami producteur David F. Friedman sont spécialisés dans le "nudies", des petites productions érotiques fauchées mais qui rapportent de l'argent. Désireux de se renouveler et de proposer de l'inédit aux spectateurs, les deux hommes ont l'idée de réaliser un film dans lequel les meurtres ne seraient pas suggérés ou filmés en hors-champs, mais clairement dévoilés au public, avec profusion de sang et de détails sanguinolents. C'est ainsi que naquit le genre "Gore", digne héritier du Théâtre du Grand-Guignol parisien, que les deux amis avaient eu la chance de fréquenter. Il faut donc replacer Blood Feast dans le contexte de l'époque pour bien comprendre pourquoi le film a subi les foudres de la censure (interdit plus de vingt ans en France) et a cartonné là où il était projeté. Car il faut bien l'avouer, d'un point de vue strictement cinématographique (réalisation, jeu d'acteurs...), le film est plutôt mauvais, avec une mention spéciale à l'acteur incarnant Fuad Ramses et ses froncements de sourcils calamiteux. Le reste du casting n'est d'ailleurs pas en retrait, avec des textes qu'on croirait récités ou lus en direct. Mais là n'est pas l'intérêt du film, tourné en neuf jours et avec un budget dérisoire. Car, qu'on le veuille ou non, Blood Feast est une date importante du cinéma, puisqu'il est le premier film d'horreur à montrer des jambes sectionnées, une langue arrachée avec les doigts, un crâne défoncé, un coeur prélevé au couteau et j'en passe, le tout en couleurs et avec du sang ruisselant bien rouge. Evidemment, en 2011, les effets spéciaux paraîtront bien rudimentaires et archaïques, et feront bien rigoler la jeune génération abreuvée d'images de synthèse mais en 1963, c'était du jamais vu et on peut s'imaginer les réactions du public face à autant d'atrocités complaisamment filmées en gros plan. Bref, Blood Feast reste bien un nanar cinématographique, avec une enquête policière qui traîne en longueur, avec la playmate Connie Mason en maillot de bain, avec des acteurs qui se croient au théâtre, mais c'est un film clé du cinéma d'horreur pour ce qu'il représente et pour l'influence qu'il aura sur les futures productions du genre. Un témoignage d'une époque qu'il faut évidemment avoir vu.
StéphaneE
5
Écrit par

Créée

le 26 mars 2012

Critique lue 599 fois

2 j'aime

StéphaneE

Écrit par

Critique lue 599 fois

2

D'autres avis sur Orgie sanglante

Orgie sanglante
blazcowicz
3

Je suppose qu'ils mangeront des sandwichs

Le voilà le premier splatter, le film que l’on a sélectionné sans trop savoir pourquoi en se disant qu’au pire se serait bien marrant. Pauvres fous que nous étions ! Même s’il convient de rappeler...

le 25 août 2012

5 j'aime

Orgie sanglante
Thuguy
7

Sans gland (hihihi)

Orgie Sanglante de Herschel Gordon Lewis, c'était pas mal. Néanmoins il souffre de n'en faire pas assez, même si c'est le 1er film gore de l'histoire, pour une orgie, on est quand même laissé sur...

le 17 mars 2021

2 j'aime

Orgie sanglante
Ciné-Look
4

Premier film gore de l'histoire du cinéma, "Blood Feast" est en réalité un nanar.

Ce n'est pas parce qu'un film apporte quelque chose de nouveau dans le monde du cinéma qu'il en devient indéniablement incontournable. Dans son style, "Blood Feast" n'a rien d'intéressant à part la...

le 18 avr. 2013

2 j'aime

Du même critique

Crocodile
StéphaneE
5

Critique de Crocodile par StéphaneE

A la surprise générale, Crocodile n'est pas le navet annoncé par tous; Honnêtement, dans le genre "crocodile movies", il s'en sort aussi bien que la plupart de ses confrères. On regrettera...

le 25 mars 2012

7 j'aime

Même pas mal ! (Dodgeball)
StéphaneE
3

Critique de Même pas mal ! (Dodgeball) par StéphaneE

Faire un film sur le jeu de la balle au prisonnier, voilà qui n'est pas banal. Ajoutons la présence du comique Ben Stiller qu'on met dans la peau d'un personnage exubérant et portant des fringues...

le 26 mars 2012

4 j'aime

La Captive aux yeux clairs
StéphaneE
8

Critique de La Captive aux yeux clairs par StéphaneE

Un superbe film du grand Howard Hawks, mais qui pourra rebuter ceux qui s'attendent à un western classique et rythmé. En effet, La Captive aux Yeux Clairs est un western atypique, qui prend son...

le 26 mars 2012

3 j'aime