Papanasam
Papanasam

Film de Jeethu Joseph (2015)

Entre la vérité et le mensonge, il n'est pas toujours facile de trancher en situations extrêmes...

Suyambu est un homme débonnaire et simple vivant heureux avec sa femme et ses deux filles. Il n’a pas fait d’études mais il s’est constitué une culture en regardant les films tamouls et il est imbattable en ce domaine. Également en regardant des films, il a appris à parler d’autres langues régionales de l’Inde : le Telugu et le Malayalam, et même l’anglais ! Orphelin et sans éducation, il a réussi dans la vie ce qui n’est pas courant dans le contexte de l’Inde, c’est clairement quelqu’un de doué et d’intelligent.

Sa vie se passe paisiblement entre joie et tensions de la vie quotidienne jusqu’au jour où un drame fait basculer sa vie et celle de sa famille. Une situation qu’on ne souhaiterait à personne de connaître… Son attitude comme père est bouleversante, il se révèle être le véritable pilier de sa famille. Suyambu va faire face avec courage et intelligence, cherchant des solutions et en particulier fouillant dans sa mémoire cinématographique pour savoir comment agir et réagir.

Papanasam : une magnifique et douloureuse histoire sur ce qu’un homme ordinaire et sans histoire est capable de faire pour sauver les siens. Et un film qui pose la question du mensonge et de la vérité : faut-il dire la vérité dans toutes les situations ? Qu’est-ce que mentir finalement ? Peut-on mentir pour protéger ceux qu’on aime et qui méritent d’être protégés ?

J’ai appris pendant si longtemps à mes enfants à dire la vérité et maintenant je leur ai appris à mentir. C’est cela qui me tue.

On reste libre d’être en accord ou non avec le choix de Suyambu. Pour nous, la question risquera de rester théorique, il faut se trouver confronté à de tels extrêmes pour pouvoir se permettre d’y répondre. De plus, la question se pose différemment suivant les pays. En Inde, les pauvres ne peuvent compter sur la justice, ils sont considérés comme des riens, leurs paroles n'ont aucune valeur (voir: Jai Bhim). Les femmes n'ont pas de poids, le viol est impuni (voir: No One Killed Jessica; Pink) Le système judiciaire est corrompu, il protège les puissants et les hautes castes. La torture est une pratique courante. Et c’est bien l’arrière-plan de l’histoire au-delà de l’intrigue précise : le rapport entre les indiens aisés au pouvoir et les pauvres ou les classes moyennes sans défense qui n’ont que leur courage, leur intelligence et leur solidarité pour se protéger.

Papanasam est un film indien en langue tamoul (sud de l’Inde) de grande qualité :

- le scénario est complexe et intelligent. L’histoire nous tient en haleine jusqu’à la fin et ce sont les dernières images seulement qui nous apportent la réponse à la dernière question laissée en suspens.

- la prestation des acteurs est bluffante

- la réalisation est excellente.

S’il fallait faire un reproche à ce film ce serait du côté de la musique qui souligne trop les moments de pathos et de tensions.

Papanasam est un film qui m’a captivée du début à la fin, il mériterait d’être distribué largement en France.

abscondita
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le 28 déc. 2022

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abscondita

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