Une petite comédie, fin années 1940, par Gilles Grangier, on se dit pourquoi pas, après tout c'est court, et puis Bourvil, on l'aime bien.

Et on se surprend, au fil du temps, à apprécier le film plus que ce que l'on imaginait. Non pas qu'il révolutionne la comédie, mais enfin, le travail est fait plus proprement que celui de Bourvil, qui a ses propres idées sur la peinture en bâtiment.

Bourvil donc, c'est l'argument principal. Fraîchement arrivé à Paris de sa profonde Normandie, plouc à la fois lourdaud et sympathique, c'est un rôle comme le joue aujourd'hui Raphaël Quenard chez Dupieux, un personnage très limite, qu'on n'aimerait pas rencontrer, mais qu'à l'écran on apprécie pour ce qu'il révèle des autres.


L'argument est simple : les gens sont barricadés chez eux, jouant leur morne vie vaudevillesque à l'abri des regards, mais derrière la fenêtre le peintre en bâtiment est là, qui les voit tels qu'ils sont. C'est plus ou moins l'argument de Fenêtre sur cour, bien sûr, en bien bien moins subtil. Ainsi l'étude de caractère est bien sûr tournée à la caricature, et fournit quelques-unes des scènes les moins heureuses.


Mais ces défaut sont contrebalancés par d'autres aspects. Il y a le côté doux de Bourvil, relevant à merveille le côté satirique du film, qu'on aurait certes mieux aimé plus féroce. Il y a des dialogues qui fonctionnent à plein, ce qu'on attend au demeurant d'un film français de cette époque. Bourvil chantant La rumba du pinceau, on aime. Suzy Delair qui apporte son côté malicieux, notamment dans une scène où elle fait tourner ses soupirants en bourrique, on aime encore.


Il est de bon ton aujourd'hui de fustiger cette part du cinéma français, ces faiseurs comme Gilles Grangier, ici concerné. Il est facile de dénigrer un film imparfait comme Par la fenêtre, devant un public convaincu d'avance. Osons proposer, au contraire, que beaucoup de ces films avaient des qualités, qu'ils ont su séduire à leur époque et que, peut-être, ils sauront séduire une petite part du public d'aujourd'hui. Par la fenêtre n'a pas de grande ambition, il prétend simplement au titre de divertissement sympathique. On peut, je pense, le lui accorder.

BigDino
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le 25 juil. 2024

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