Séquence d’une chute

Pieces of a Woman s’impose d’emblée comme un drame viscéral qui choisit l’immersion plutôt que le commentaire.

Le quasi-plan séquence qui ouvre le film est, pour moi, l’un de ses plus grands atouts : suffocant, parfaitement chorégraphié et émotionnellement précis. Ce choix formel n’est pas isolé : les ellipses, utilisées avec justesse, permettent au récit de respirer tout en préservant la continuité émotionnelle. La direction de Kornél Mundruczó s’appuie aussi sur un casting solide. Vanessa Kirby y est bouleversante, métamorphosée dans un rôle à contre-emploi qu’elle habite avec une ampleur rare, tandis que Shia LaBeouf, plus en retrait, s’avère juste dans sa vulnérabilité contenue.

En revanche, certains passages m’ont semblé trop attendus : l’adultère, l’alcool, la drogue ou des détails comme la vaisselle abandonnée... même si chacun de ces éléments reste heureusement vite évacué. Quelques choix de mise en scène m’ont aussi sorti du film : les gros plans insistants pendant le procès sosu les visages des personnages ou le parallèle un peu forcé avec la construction du pont peinent à convaincre, surtout face à des trouvailles autrement plus sensibles, comme les répétitions de plans sur la chambre d’enfant ou certaines transitions parfaitement senties. Le film aborde beaucoup de sujets — deuil, culpabilité, justice, entourage — au risque de s’éparpiller, mais contient le tout dans un format qui retiens l'attention du spectateur.

Malgré ces aspérités, je le recommanderais sans hésiter pour sa puissance émotionnelle, ainsi que la sincérité de son interprétation.