Plan 9 from Outer Space fut en son temps considéré comme le plus mauvais film jamais sorti, ce qui en a fait un objet convoité pour être visionné au vu de son importance cinématographique. Il n'en fallait pas plus pour qu'il en vienne à acquérir avec le temps une réputation de film culte qui aura marqué bon nombre de gens le vénérant. Je dois avouer que c'est totalement compréhensible. La cinéphilie c'est un horizon de personnalités ayant chacune leurs préférences. Certains se palucheront devant les vieux films austro-ouzbek muet de 5h30 (cliché à prendre au second degré), tandis que d'autres jubileront devant les nanars.


Le problème étant que si l'on ne se situe pas dans cette dernière sorte, on passera à côté de Plan 9 from Outer Space dont le charme est pourtant indéniable. Y toucher, c'est entrer dans un univers surréaliste de conneries s'accumulant les unes sur les autres, comme si l'on avait confié les rênes de la mise en scène à un gosse de 10 ans surexcité qui veut mélanger tout et n'importe quoi. Evidemment, le budget n'était pas conséquent mais ça se saurait si petit budget = navet.


Si l'histoire dépeint les inquiétudes d'un peuple américain hanté par la menace rouge, elle en est toute sauf bien écrite. Calamiteuse, bourré de notes d'inculture (bon, il est vrai que l'oeuvre est de 1959 mais tout de même) et de ratés, telles sont les caractéristiques les plus évidentes. A quel moment, la rencontre avec des extraterrestres à l'apparence 100% humaine ne surprend pas nos petits terriens ? Un QI de 50 se serait posé la question mais pas notre petit simplet de Ed Wood pris dans son délire. Pour parachever un tableau majestueux de médiocrité, ajoutons quelques décors de théâtre, des effets spéciaux de fête foraine, un rythme d'une platitude qui ferait passer un Béla Tarr (très bon cinéaste au demeurant) pour du Michael Bay et un jeu d'acteurs tellement à la ramasse qu'il en devient fascinant. Cette confrontation vocale dans la cabine du vaisseau spatial restera à jamais inoubliable.


Je ne cache pas avoir ri à plusieurs reprises devant les défauts. En ce sens, je le dis ouvertement, Plan 9 from Outer Space est un immanquable en son genre qui vous marquera peu importe que cela soit en bien ou en mal. Ed Wood a réussi son pari et cela est tout à son honneur. Et quand bien même, le capital sympathie était bien là, la raison m'empêche d'attribuer une meilleure note. Mais au risque de me répéter, visionnez le ! Faites en une priorité mais je vous en prie, voyez le !

MisterLynch
2
Écrit par

Créée

le 20 juil. 2021

Critique lue 10 fois

MisterLynch

Écrit par

Critique lue 10 fois

D'autres avis sur Plan 9 from Outer Space

Plan 9 from Outer Space
LongJaneSilver
10

Une note maximale, par esprit de contradiction avec la doxa

Parce que c'est mon nanar préféré et sans doute celui que j'ai vu le plus grand nombre de fois. Parce qu'il y a ces quelques plans hommages à Bela Lugosi, mort trois ans auparavant : petite...

le 5 sept. 2013

17 j'aime

3

Plan 9 from Outer Space
dindon
9

génial dans la catégorie nanar

Dans la catégorie nanar, Ed Wood reste quand même le meilleur! Alors bien sûr, il faut prendre le tout au 36ème degré, et rire quand on voit le fil qui fait bouger l'assiette - comprendre ici la...

le 3 nov. 2010

17 j'aime

1

Plan 9 from Outer Space
Nhoj
8

Rêve de bambin sur pellicule.

Un film écrit et réalisé par un enfant passionné dans un corps de monsieur bizarre. Même quand on sait comment il a été produit, en combien de temps il a été tourné et avec quelles contraintes, on ne...

Par

le 6 nov. 2010

16 j'aime

Du même critique

Malmkrog
MisterLynch
4

Que tout ceci est époustouflifiant !

Au démarrage de cette critique, je suis à la fois confus et déçu. Confus parce qu'il m'est bien difficile de mettre des mots sur ma pensée et déçu parce que Cristi Puiu était considérablement remonté...

le 25 juil. 2021

4 j'aime

9

Ménilmontant
MisterLynch
9

Là où tu iras, il n'y a pas d'espoir

Ce n'est que tardivement que j'ai connu Dimitri Kirsanoff dont j'eus le plaisir de faire un démarrage en fanfare dans sa filmographie. Ménilmontant c'est avant tout une entrée en matière d'une...

le 5 mars 2021

4 j'aime

1

From What Is Before
MisterLynch
8

Un léger bruit dans la forêt

Mes débuts avec Lav Diaz ne s'étaient pas du tout déroulés comme je le pensais. Avec "Norte, la fin de l'histoire", je sortais épuisé et déçu de cette séance qui n'eut pour moi qu'un intérêt proche...

le 19 févr. 2021

4 j'aime