L'un des films les plus connus de Isao Takahata, mais selon moi pourtant loin d'être l'un des meilleurs, Pompoko demeure un film agréable et souvent drôle proposant une vision pessimiste et fataliste de la modernité. Film au message intéressant, aux animaux rigolos et typiquement japonais, cumulant points très positifs et points négatifs, il est néanmoins intéressant à voir.
Pompoko raconte la vie de tanukis dans les collines de Tama, au Japon, pendant les grands travaux visant à faire de cette région encore naturelle une banlieue deTokyo. Animaux proches du raton-laveur par le physique mais en réalité appartenant à la famille des canidés, les tanuki, connus également sous le nom de chien viverrin, sont de petits animaux omnivores et adaptables, qui ont la particularité d'hiberner. Dans le folklore japonais, ces animaux ont donc la capacité de se transformer comme on le voit dans le film. Ici, les tanukis sont confrontés à une énorme difficulté : les hommes ont en effet choisi leur habitat pour agrandir la ville afin de répondre à l'accroissement de la population. Face à la disparition de leur territoire et la nécessité de survie, les animaux décident de contre-attaquer en se servant de leurs capacités de transformation pour effrayer les humains et les dissuader de poursuivre leur projet. Mais la lutte s'avère inégale... Pompoko est donc un film entièrement écologique, proposant une lecture du confort humain vu à travers le regard d'animaux. Ce qui s'avère intéressant, mais également extremement fataliste, puisque tous les efforts des petits animaux sont vains. Ce fatalisme donne un côté extremement triste au film entier, donnant l'impression que tout est inutile et le combat perdu d'avance... il n'y a donc aucune morale dans ce film, seulement un constat, à peine sauvé par la fin qui tente de remonter le moral plombé du spectateur. Cet anime est donc aussi déprimant que le Tombeau des Lucioles, mais sans la poésie et la beauté des images et du son... Heureusement, le tout est un peu ensoleillé par un humour omniprésent apporté par le caractère gourmand et paresseux des animaux et par les tours pendables qu'ils font à leurs ennemis humains. Le film fait ainsi régulièrement sourire. Le scénario est globalement intéressant, notamment par le parallèle fait entre les tanukis et les humains eux-même : Takahata ayant expliqué son film ainsi : "Nous sommes des tanukis déguisés en citadins". Une critique de notre ère moderne, totalement déconnectée de la nature et où l'épanouissement semble inaccessible est donc claire...
Quelques points du scénario me chiffonent quelque peu. Tout d'abord, je trouve le narrateur un peu trop présent. Si cette présence se justifie par moments pour expliquer le mode de vie des animaux et le contexte de leur combat, à certains moments, j'aurai préféré une plus grande interprétation, une plus grande imprégnation par les seules images. Un autre point est à chercher dans la répétition. La grande majorité du scénario voit ainsi les tanukis avoir une idée pour battre les humains, puis s'entrainer, puis faire leur action, suivie d'une fête avant la déception, et cela à plusieurs reprises... ne cachons pas que cet aspect demeure quelque peu agaçant au bout d'un moment.
Les petits personnages jouissent d'une sympathie immédiate, de part leur seule nature d'animaux. L'anthropomorphisme s'éloigne d'ailleurs, pour notre plus grand plaisir, des représentations habituelles. Amusants, ayant trois apparences différentes, les tanukis ammènent à eux l'adhésion des enfants comme des adultes. Le héros est ainsi très attachant, à la nature plus sérieuse et intelligente que ses compagnons, mais aussi pacifiste, il est celui que, naturellement, nous aimons suivre. Seul petit bémol, il y a une certaine difficulté à reconnaitre entre eux les différents personnages, qui se ressemblent finalement énormemment et changent en plus d'apparence. Mais ce n'est qu'un détail.
L'aspect visuel est évidemment une réussite, avec des décors naturels de toute beauté et une animation réussie, sans néanmoins mettre une claque visuelle comme crtains films du studio Ghibli. Réussie, mais non transcandant, l'aspect visuel reste ce qui se fait de mieux dans l'animation. La musique, utilisant des partitions, elle, est plus marquante. Sans se retenir apres le visionnage, elle marque les esprits sur le moment par ses sonorités puissantes et originales.
Bref. Regorgeant de qualités, je n'ai néanmoins pas réussi à réellement m'approprier Pompoko. Je reconnais cependant qu'il n'est à négliger sous aucun prétexte, ne sraut-ce que pour se faire sa propre idée.