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Court-métrage de Fatima Nofely (2019)

Je me suis quelque peu intéressé à ce festival de courts-métrages en visionnant certaines des 50 propositions, et malgré toute ma bonne volonté, je ne prendrai pas 50 minutes pour toutes les regarder une à une tant le niveau est bas de plafond sur l'ensemble. Le principal problème réside sûrement dans le choix de la thématique et dans le format sélectionné. 1 minute, c'est trop court pour exprimer quoi que ce soit avec un minimum de développement, surtout pour des créateurs amateurs... seul Jean-Luc Godard a suffisamment de talent pour transcender son spectateur en moins de 120 secondes (cf. « Je vous salue, Sarajevo »).


Ensuite, le thème de l'écologie est plutôt logique car il est de bon ton - et presque obligatoire - de l'évoquer de nos jours même si ce n'est que pour brasser de l'air, mais concrètement, cela plombe le festival dans son entièreté et on lui fera globalement les mêmes reproches qu'aux nouvelles idéologies pseudo-écologiques et pseudo-altruistes qui enflamment tant les jeunes bobos-urbains qui mangent du quinoa biologique sur des trottinettes électriques : hypocrisie, bien-pensance, naïveté... mais surtout, désinformation et dissonance cognitive.


Nous voilà donc face au lauréat, gagnant du Grand Prix International. Honnêtement, ça ne casse pas trois pattes à un canard. En termes de réalisation, c'est assez pauvre. Nous avons une succession de 8 plans régis par une mise en scène terriblement fonctionnelle, simpliste. Nos protagonistes sont bloqués au sein d'une voiture dans un embouteillage factice de 5 véhicules. L'écriture tient en quatre lignes et nous ressert un plat décongelé et réchauffé sur la raréfaction de l'eau douce, un sujet bien trop souvent abordé et de manière très maladroite. On ne peut pas croire une seule seconde à cette ébauche d'univers narratif où l'eau douce serait devenue tellement rare qu'elle s'en serait changée en la nouvelle monnaie universelle.


Cela n'a aucun sens et démontre bien un cruel manque de documentation sur les thématiques abordées dans cette œuvre. Premièrement, il est impensable et tout bonnement stupide d'envisager qu'une société puisse baser son économie sur une monnaie intangible et sporadique, et qui plus est soumise aux facteurs climatologiques. On ne peut tout simplement pas construire un système économique et financier autour de quelque chose que l'on ne puisse pas réellement posséder et qui puisse s'évaporer. « Tiens, je suis riche, j'ai 1000 litres d'eau stockés dans mon garage. Ben oups, il y a eu la canicule cet été et tout s'est évaporé... et puis j'en ai fait tombé par terre... bah du coup je suis pauvre maintenant... ». Cela n'a aucun sens. Comment une société pourrait fonctionner ainsi ? C'est bien pour cela que l'Homme a toujours choisi des éléments physiques, possédables et concrets (coquillages, graines de cacao, métaux précieux...) - avant la dématérialisation de l'argent - pour indexer la valeur d'une monnaie, de manière à être quantifiable, mesurable, et vérifiable de manière universelle. Un kilo d'or est et demeurera un kilo d'or. Pas l'eau. Bref.


Second souci, l'eau douce se raréfie et se raréfiera encore, mais de manière localisée. Ici encore, l'absence d'un sérieux travail de recherche se fait ressentir et s'en est vraiment déplaisant. L'eau ne disparaît pas, elle change d'état physique et se déplace. C'est le cours de Physique Chimie de 5ème sur le cycle de l'eau. Il y a toujours la même quantité d'eau sur Terre depuis le jour lointain où elle est apparut sur notre planète et atteignit son seuil quantitatif maximal. L'eau s'évapore, migre sous forme de buée ou de nuages, puis tombe en gouttelettes quelque part ailleurs. Quand l'eau tombe au sol, elle s'engouffre progressivement jusqu'à rejoindre une nappe phréatique ou une rivière souterraine. Il y aura toujours autant d'eau douce mais elle sera concentrée à certains endroits et certaines régions souffriront, elles, d'une raréfaction de l'eau douce : mais on entend surtout les zones subtropicales (sud des États-Unis, Mexique, Argentine, Espagne, Afrique du Nord, Moyen Orient...).


Beaucoup de maladresse dans l'exploitation de cette idée et trop peu de documentation quant à la thématique écologique. Soit, en une minute, le court-métrage peine à construire un univers qui est de toute façon voué à l'échec car bâtit sur un postulat défaillant, reposant sur de fausses informations et des idées reçues. Le fond se vautre inexorablement, sans retour possible, et la forme est presque inexistante à la vue de ce travail si profondément banal et scolaire, sans aucune nuance. J'ai énormément de mal à comprendre ce qui a bien pu poussé le jury international à récompensé ce court-métrage somme toute médiocre.

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le 6 janv. 2020

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