En 1984, alors qu'on parlait déjà des "yuppies", Chabrol faisait le procès de la bourgeoisie de province. On ne peut pas vraiment mettre à son crédit une grande connexion avec les transformations sociales de son temps : l'histoire aurait été placée dans les années 60 en effet que ça n'aurait rien changé. Pour la subtilité, on repassera également. Le médecin pervers, le notaire cauteleux et le boucher sanguin. Bon. J'aime mieux ce registre de pseudo-satire sociale chez Mocky qui ose, lui, un grand n'importe quoi cathartique et donne libre cours à une vraie fantaisie.
Ce qui arrange un peu les choses, c'est que les "victimes" de ces pervers sont tout aussi antipathiques et tordues, à savoir une mère tarée et son fils mollasson que les bourgeois veulent virer de leur grande maison miteuse pour un projet de construction (dans le pays de Caux, au milieu des années 80, il y avait manifestement une bulle immobilière qui ferait pâlir Dubaï aujourd'hui).
Le film s'anime un peu à mi-parcours avec l'arrivée de Jean Poiret en Inspecteur Lavardin, mais le personnage est encore en construction, je l'apprécie bien plus (enfin, de mémoire) dans l'opus homonyme. Et ça reste globalement bien mou, pas beau (l'image), et comme toujours chez Chabrol, atroce musicalement, avec les compositions de son fils qui se croyait très fort en écrivant de la musique dodécaphonique des décennies après la mort de Schönberg (heureusement que personne ne l'a fait travailler en-dehors de son père). J'aime mieux le Chabrol de la fin, qui est plus fin.