Après avoir revitaliser la License Predator grâce au succès surprise de Prey sur Disney+, excellent survival dans l’Amérique Comanche du 18ème siècle, puis en l’élevant un peu plus avec Killer of killers, une série animée esthétiquement bluffante et au scénario très malin, Dan Trachtenberg revient au cinéma avec une nouvelle histoire toujours aussi violente mais plus ludique. Il s’amuse en effet à inverser le narratif, plaçant le prédateur au cœur du récit et en en faisant son héros puisqu’on y suit la quête de Dex, un jeune Yautja chétif et condamné d’avance par son père, le chef de la tribu. Dex va devoir ramener un prestigieux trophée de chasse afin d’être reconnu comme l’un de leurs.
En « humanisant » celui qui a toujours été l’antagoniste de la saga et en le floquant de ses propres ennemis, Badlands adopte une trame classique de récit initiatique, avec un protagoniste devant mener une mission à bien en évitant les obstacles et les pièges qui se dresseront devant lui. Le scénario s’avère donc plutôt basique et monolithique mais il bénéficie d’une exécution très propre et d’une mise en scène ne manquant pas de caractère.
Trachtenberg donne vie à un univers à l’identité visuelle riche et foisonnant d’idées amusantes. La faune et la flore de la planète Genna, la planète de la mort, regorgent de découvertes et de rencontres surprenantes, des plantes organiques extra-terrestres visqueuses et létales aux bestioles étranges bien peu accueillantes. Le réalisateur offre aussi des paysages splendides et monumentaux, dignes des plus grandes sagas SF. Genna pourrait être un monde d’Avatar ou de Star Wars (dont il s’inspire largement).
Les scènes d’action et de baston sont parfois un peu confuses, mais elles ne manquent pas d’inventivité et d’ingéniosité. La manière dont Dek va utiliser tout ce qu’il a croisé dans son périple pour préparer le combat final (très Kevin dans Maman, j’ai raté l’avion), donne à Badlands un vibe de séries B des 80’s, c’est fun, ludique et réjouissant. On appréciera également le maquillage et les prothèses très réalistes du jeune prédateur et des autres Yautja, notamment au niveau du visage. C’est un peu dégueulasse, mais on s’habitue !
Autre élément intéressant, le double rôle de Ella Fanning qui interprète des « sœurs jumelles » androïdes, l’une très bavarde ayant perdu ses jambes (gag récurrent fonctionnant plutôt pas mal ma foi), l’autre froide et calculatrice prête à tout pour éliminer Dek (le chasseur chassé, vous aurez compris). L’actrice apporte de la fraicheur et de l’humanité à l’histoire et semble beaucoup s’amuser.
Predators : Badlands est assez peu conséquent mais très divertissant. Il remplit largement le cahier des charges de blockbuster SF tout en poursuivant la régénération de la saga, teasant même un nouveau cross-over avec le Alien de Noah Hawley. Et pourquoi pas ?