Après la phase d'approche, place au quotidien. Ce deuxième chapitre s'ouvre par la conclusion du premier : l'enterrement d'un paysan qui nous a quittés après une dure vie de labeur mais qui sera à jamais immortalisé par le cinéma de Depardon. Cette fois nous entrons davantage dans le concret avec beaucoup de séquences sur le travail, les repas, les tracas et autres discussions captées au fil des images. Toujours avec cette distance juste et cette justesse dans le traitement, on observe un quotidien mais pas seulement. Par le biais de l'introduction d'une jeune éleveuse, nous observons aussi un monde qui semble vouloir résister à la modernité galopante et se perpétuer. Mais le temps passe et l'usure des corps avec. De nouveau il est difficile de ne pas être ému naturellement par ces personnes marquées par les stigmates de la vie mais qui ont la force de continuer et qui ne perdent pas leur fierté malgré la prise de conscience de la disparition progressive de leur monde.


Et loin de là l'idée de Depardon de filmer cela avec nostalgie, on n'omet rien de la dureté de cette vie et même les plus anciens ne cherchent en rien à enjoliver le tableau. De nouveau la caméra capte des instants authentiques mais cette fois-ci Depardon intervient davantage en conversant avec ces paysans avec qui le lien de confiance s'est tissé dans le temps. On parle de tout, de la vie, de la mort, de la difficulté de trouver des repreneurs, des politiques agricoles et de leur déconnexion avec leur vision des choses. Pour illustrer ces difficultés quotidiennes, nous faisons la connaissance d'une jeune éleveuse qui aura bien des peines à lancer son activité malgré un enthousiasme certain. De nouveau j'ai apprécié cette diversité des approches où Depardon n'oublie personne et nous offre ces portraits sans chercher à imposer quelconque biais ou idée prémâchée.


Emotionnellement c'est toujours aussi fort, voire plus que le premier chapitre. La disparition de Louis Brès qui affecte les anciens, le départ des jeunes, les hospitalisations sont autant d'évènements qui nous rappellent l'impitoyabilité du temps qui passe. Et c'est bien ce qui est beau dans ce film (et cette trilogie en général), de voir cette dignité chez ces gens malgré ce monde qui avance et les laisse de côté.

Moorhuhn
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le 17 oct. 2025

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