Un cri de révolte.

Par vengeance, une jeune femme promise à un avenir brillant va tout plaquer pour trouver ceux qui ont violé et poussé au suicide sa meilleure amie. Elle va ainsi dans les boites de nuit comme si elle était éméchée, se fait souvent raccompagner par des mecs qui la ramènent chez eux et son modus operandi va être en quelque sorte de les raisonner. Et la liste va être longue...

Promising Young Woman est clairement un film de son époque, celui de l'ère #Metoo, qui met en avant le sort terrible de femmes abusées, étouffées par le qu'en dira-t-on ou par la clémence de la justice envers les hommes pour qui leur carrière pourrait être entravée. Il y a de quoi être scandalisé devant les faits énoncés par l'histoire, mais c'est bien souvent le cas, malheureusement. La réalisatrice Emerald Fennell et l'actrice principale (également productrice) Carey Mulligan prennent entièrement fait et cause pour le sort des femmes bafouées. Pour cela, l'habillage du film, fait de couleurs acidulées et avec de la musique moderne souvent remixée d'ailleurs (on entend du Abba, Britney Spears voire même Paris Hilton !), est assez particulier et tend à dédramatiser les situations souvent glauques dans lesquelles la jeune femme se retrouve. Et pourtant, tous les mecs qu'elle rencontre sont souvent très gentils au départ, mais ça coince dès qu'ils sont incapables de se souvenir comment elle s'appelle ou ce qu'elle fait dans la vie.

Peut-être que le message n'est pas dit avec une grande subtilité, mais il est en fait glaçant, avec le parti-pris que tous les mecs soient au fond des ordures. Bon là, je tique un peu parce que je ne me reconnais pas du tout dans cette façon de draguer (que je ne sais pas faire d'ailleurs), mais il faut avouer que c'est assez efficace et qu'on s'éloigne assez vite du procédé qui est d'aller chez le mec puis de rentrer chez soi en notant le nom du prédateur en question. Mais il faut tout de même souligner la formidable interprétation de Carey Mulligan, laquelle est présente sans arrêt à l'écran, qui va remuer sang et eau pour sauver l'honneur de son amie disparue. D'ailleurs, les acteurs masculins que l'on croise sont souvent issus de séries ou de films où ils étaient très gentils, et ça me fait bizarre de voir par exemple Max Greenfield, qui jouait Schmidt dans New girl, dans le rôle d'un salaud.

L'histoire aurait pu être transposée dans les années 1970 ou plus tardivement, mais elle colle parfaitement avec notre époque, et la réalisation de Emerald Fennell fait très bien passer tout cela, avec un aspect ironique parfois étrange mais qui colle bien au récit. Par exemple, un voit une scène où Carey Mulligan se maquille devant le tuto vidéo d'une youtubeuse jouée par la réalisatrice elle-même, pour apprendre à avoir les lèvres pulpeuses afin de .... Enfin, vous m'avez compris.
Ceci dit, j'ai volontairement omis de parler d'autres choses dans le récit, car il vaut être vierge dans la découverte afin que la violence des images fasse sens ; à ce titre, un certain plan fixe de plus de 2 minutes dans la scène au chalet est ce que j'ai vu de plus glaçant depuis des années, tant je me sentais pas bien.

On s'exprime toujours mieux sans hurler, mais Promising Young Woman est un film assez fort, qui nous jette à la figure les errements de la justice à l'ère #Metoo, et la vengeance personnelle d'une femme, où d'ailleurs il n'y a aucune arme ni justice personnelle à la Charles Bronson. Ce qui le rend au fond plus intéressant et subtil qu'il n'y parait.