(Cette critique, ni rigoureuse ni éclairante, très introspective, n'existe que parce que je n'avais pas la place d'écrire la totalité de mon ressenti sur le commentaire de ma liste SC "films vus en 2018 blabla". Il y a donc une explication à son caractère parcellaire, subjectif et surtout comparatif avec le premier volet, puisqu'elle appartient à une entreprise de critique plus large et sur un long terme, avec toute une flopée d'autres films. Je vous souhaite néanmoins une bonne lecture si cela vous intéresse.)


Avec Pusher II, Refn m'aura appris un truc qui pourra sembler assez simple, mais pourtant très important et pas évident dans l'approche du cinéma, surtout pour un néo-cinéphile comme moi (enfin ça fait à peine plus de 3 ans mais ça reste minime par rapport aux gens qui aiment ça depuis tout petit), c'est que toute la vision d'un film, pour le spectateur, est transformée avec la fin. Ce n'est qu'avec la fin que l'on accède à une réelle vision de l'ensemble. Et ce n'est pas évident parce que conçu dans son aspect de divertissement, le cinéma a surtout une valeur foncière d'amusement à la minute, et que dans chaque rebondissement, chaque pan de l'intrigue, le spectateur aimerait être tenu en haleine. Mais vu dans l'aspect global de la création artistique, du point de vue d'un créateur qui conçoit toute son oeuvre comme coulant naturellement vers son dénouement dramatique, il est normal d'observer chaque étape du processus en vue de la fin. Je me suis toujours dit qu'à tout savoir sur son film, à en maîtriser chaque bout, à coller des rush désarticulés et à revoir le rendu final un nombre indéterminé de fois, le réalisateur devait avoir une vue bien fade, ternie, gâchée de son oeuvre en quelque sorte. Il vit un spoil éternel !
...
Là, on dirait pas. On dirait presque que le spoil est la clé magique pour apprécier le film.


(ne vous inquiétez pas, no spoil, sauf si vous considérez que savoir que la fin est bien est un spoil, auquel cas je suis sincèrement désolé pour vous)


La fin de Pusher II est probablement le seul élément qui lui donne de l'intérêt. Toutes les tribulations du personnage pendant 1h30 (Tommy, gros naze, à la fois exaspérant par sa nullité et désolant par le mépris ou l'indifférence qu'il suscite chez ses semblables) ne présentent pas un spectacle particulièrement réjouissant, ni forcément intéressant. En revanche, en partant de la fin pour analyser en amont tout le reste du métrage, on se rend compte que tout l'itinéraire d'une libération, ou d'un coup de poignard au destin, ou d'un fuck à tout ce qui bouge, et là, ça devient excitant, oui.


Pour les quelques 10 minutes de fin.
Encore que, ça reste quand même pas le plot twist du siècle.


C'est donc une légère déception pour ma part, malgré la caméra très vivante et dynamique tout le long, le jeu sur les couleurs, et les plans-séquence mieux réussis et plus expressifs que dans le premier volet (ce qui devrait expliquer, je pense, la moyenne SC supérieure... ou alors, c'est seulement parce qu'un panel moins large de gens ont voté, donc surtout des fans du premier Pusher).
Je préférais quand même le premier. Plus resserré sur sa tension, mieux organisé quant aux unités de temps et de lieu bien marquées par l'affichage en gros à l'écran des jours de la semaine, par exemple (mon plus gros fantasme depuis que j'ai vu SKAM). Et puis surtout, l'histoire de la tension entre Franky et Milo était plus simple, dépouillée, et s'affirmait donc d'autant plus clairement que celle que l'on voit ici entre Tommy et son père. Enfin, la descente aux enfers du premier volet se mettait plus à distance des affaires de "came", dans lesquelles le spectateurs est plongé ici avec un peu trop de sérieux à mon goût.


Pusher II : Du sang sur les mains est donc dans l'absolu une bonne suite, préquel, sequel, je ne sais quoi, en tous cas un film qui présente un intérêt certain par son existence, mais qui se prend peut-être un peu trop au sérieux, et qui mise vraiment énormément sur sa fin, exigeant pas mal de patience (là où le premier volet commençait à devenir jouissif dès les dernières 45 minutes).

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le 28 févr. 2018

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