Quand Zemeckis décide de marcher sur les pas de Mary Popins et de Peter et Elliott le dragon cela donne un contenu explosif qui vous colle un sourire béat sur la face tout au long du visionnage à chaque coup.
Si « Qui veut la peau de Roger Rabbit » est un film culte c'est grâce au plaisir intergénérationnel qu'il procure. On a tous regardé des cartoons et on a tous été absorbé au moins une fois par un polar sombre. Ce film s'adresse à un large public et a vocation à faire la plus belle chose qui soit au cinéma : nous faire rire et rêver. Zemeckis va tutoyer l'enfant qui est en nous et l'inviter à s’asseoir juste à côté tout au long du visionnage. Un exploit que bien peu de réalisateurs peuvent se vanter avoir réussi à accomplir.
Au delà de la prouesse technologique qui va permettre à nos toons d’interagir avec leur environnement, nous avons à faire à une vraie enquête avec son lot de rebondissements dans un Holliwood des années 40 extrêmement fouillé. Débordant de vie avec ces bus rouges tape à l’œil à chaque coin de rue, un véritable univers va se créer sous nos yeux dans ce quartier fantasmé mais réaliste et crédible.
Le duo comique d'Eddie Valiant, et de Roger Rabbit, est simplement détonnant et mettra vos zygomatiques à rude épreuve durant toute la projection. L'humain est bougon, dépressif et alcoolique et la lapin totalement foutraque et ingérable.
Ce lapin, quand il arrive sur nos écrans, personne n'en a jamais entendu parler, mais tout le monde le connaît. Simplement parce qu'il est un pur condensé extrêmement efficace de ce qui se fait de plus drôle dans les dessins animés de Ca Cartoon (ceux qui ont mon age connaîtront). Y'a du Bugs Bunny, du Dingo, du Tex Avery, du bip bip dans ce lapin là !
Sauf qu'il a une vie de couple, une sexualité (picoti picota) et sa femme, la sublime Jessica Rabbit, va en faire flancher plus d'un avec ses formes généreuses et improbables. D'ailleurs, on était tous amoureux d'elle, et je suis sûr que certains le sont encore.
Au début du film, une ambiance maussade se pose sur des humains fades, tristes et soucieux. Petit à petit, ils vont s'adoucir, devenir moins terne à l'image d'Eddie et de Dolores qui se prennent tendrement par la main dans la dernière séquence. Leur voyage spirituel va se faire en compagnie du testament d'Acmé, qui sera la clef de voûte de l'intrigue. Emporté de mains en mains par les différents protagonistes, ce document sera le véritable Graal de cette quête. Synonyme de liberté physique pour les uns et spirituelle pour les autres.
Mais l’œuvre est littéralement sublimée par le terrible Juge incarné par un Christopher Llyod qui survole le film de bout en bout dans une prestation bluffante de justesse et de folie. L'un des personnages les plus réussi et les plus emblématique de ce film/cartoon. Surement parce qu'il est aussi le chef d'une espèce de Gestapo anti-toon.
Non seulement Roger Rabbit se paye le luxe d'être intergénérationnel, mais il traverse également les années sans vieillir. Il fait encore rire les enfants aujourd'hui, dont le mien, qui l'a vu hier et qui s'est tellement tordu de rire qu'il en a eu le hoquet pendant une demie heure après.
Roger Rabbit est un chef d’œuvre sur toute la ligne, un film culte, intemporel, unique et intelligent qui je l'espère, traversera encore longtemps les années pour faire rire des petits enfants assis sur les genoux de leurs grand pères tout aussi hilares.