On dit souvent que Qui veut la peau de Roger Rabbit (1988) a révolutionné le cinéma en mêlant prises de vue réelles et animation. Certes, l’exploit technique est là. Mais une fois passée la curiosité visuelle, que reste-t-il ? Un vacarme incessant, des gags qui s’étirent, et un lapin hystérique qu’on rêverait d’enfermer dans sa boîte à dessin.
Robert Zemeckis, pourtant capable d’un sens du rythme précis dans Retour vers le futur, livre ici une œuvre où tout semble constamment survolté. Roger court, crie, gesticule – comme s’il devait compenser un scénario d’une simplicité déconcertante. L’enquête pseudo-noire ne tient qu’à un fil, et les rares moments d’émotion sont vite engloutis sous une avalanche d’effets cartoonesques.
Les clins d’œil à Disney, Looney Tunes et compagnie auraient pu être un délice pour les amateurs de nostalgie. Mais pour qui n’a jamais vraiment goûté aux exagérations du dessin animé, ces références se transforment en clins d’œil forcés. Voir Mickey et Bugs Bunny partager l’écran relève plus du gadget que du véritable hommage.
Au final, Qui veut la peau de Roger Rabbit ressemble à une vitrine de prouesses techniques des années 80, plus qu’à un film vivant. Le mélange entre acteurs et cartoons n’apporte ni profondeur ni émotion, seulement un chaos coloré où tout le monde hurle. Ce n’est pas de la magie : c’est du vacarme animé.